RDC : « la gratuité de l’enseignement ne veut pas dire que les enseignants doivent travailler gratuitement » (Muhindo Nzangi)

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Le député national Muhindo Nzangi Butondo a suggéré au gouvernement d’annoncer l’impossibilité de réaliser la gratuité de l’enseignement cette année scolaire ou carrément d’appliquer cette mesure d’une manière progressive. 

Du haut de la tribune de l’Assemblée nationale lundi 18 novembre lors du débat général sur la loi des finances 2020, l’élu de Butembo (Nord Kivu) a dénoncé la non prise en charge des enseignants dits non payés (NP) et nouvelles unités (NU), perturbant l’année scolaire avec des grèves dans les écoles notamment au Nord-Kivu.

« La gratuité de l’enseignement ne veut pas dire que les enseignants vont travailler gratuitement. Maintenant que cette gratuité bloque puisque les enfants sont dans la rue, je vous conseille, monsieur le Premier ministre d’annoncer officiellement que cette gratuité ne va pas marcher cette année et d’annoncer  l’application progressive de cette gratuité de l’enseignement, c’est ça le réalisme politique », a dit le député national Muhindo Nzangi. 

Dans le projet de loi de finances de l’exercice 2020 évalué à 10 milliards USD, 11,3% soit 1,13 milliard USD sont réservés à la gratuité de l’enseignement primaire. En meeting le 7 octobre dernier à Bukavu, Félix Tshisekedi avait émis le vœu de voir la gratuité s’étendre également au cycle du secondaire.

« Il s’érige en RDC un mode de fonctionnement particulier de l’Etat où les grandes décisions à forte incidence budgétaire sont annoncées au peuple avec fracas mais n’apparaissent pas dans le budget. Dans son adresse à la population de Bukavu le Chef de l’exécutif national a annoncé la gratuité de l’enseignement secondaire pour l’année prochaine et moi je ne vois pas la prévision de cette gratuité de l’enseignement secondaire », a constaté Muhindo Nzangi.

Au cours de cette plénière qui accueillait le premier ministre et tout son gouvernement, le député Christophe Lutundula a plaidé pour un encadrement de la mesure de gratuité pour sa réussite, afin que la décision du chef de l’Etat ne retourne pas contre ce dernier. Selon lui, l’Etat n’a pas à ce jour la capacité de dégager chaque mois 233 millions USD pour payer les enseignements et octroyer les frais de fonctionnement aux établissements publics. L’enveloppe globale pour la mise en œuvre totale de la gratuité de base (de la 1ère année en 8ème année) avait été évaluée à plus de 2,8 milliards à l’issue du forum national sur l’éducation organisé en août dernier

Le Gouvernement avait débloqué en octobre la somme  41.678.475.595,00 de FC soit 24,972 millions USD sur 25,495 millions USD attendus, pour financer le premier palier additionnel de salaire des enseignants du mois de septembre 2019. Ce décaissement avait permis la prise en charge 34 740 enseignants sur le stock de 132 614 non payés ; réajuster le salaire des 410 284 enseignants payés. Le gouvernement a prévu de passer le salaire du dernier enseignant à 100 USD contre 74 USD payé antérieurement. Et que le salaire moyen soit élevé à 410.284 FC soit 245 USD le mois.

Fonseca Mansianga