L’Association africaine de droits de l’homme (ASADHO) a exprimé sa satisfaction après la condamnation par la CPI de Bosco Ntaganda, ancien chef d'état-major adjoint des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) à 30 ans de prison. La décision a été annoncée ce jeudi 7 novembre 2019. Il avait été déclaré, le 8 juillet, coupable de 18 chefs d’accusation dont des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis en Ituri.
L’ONG explique que cette condamnation va redonner l’espoir aux victimes avant la procédure de réparation.
« C’est une bonne nouvelle dans le cadre de la lutte contre l’impunité, une bonne nouvelle également pour toutes ses victimes qui pensaient qu’elles étaient oubliées mais cette condamnation leur redonne de l’espoir qu’elles pourront accéder à des réparations collectives ou individuelles un jour ou un autre. Je pense que la Cour pénale internationale y pensera en fonction des éléments qui ont été soumis à son appréciation. Mais nous estimons que les réparations qui iraient dans le sens de construire des infrastructures qui serviraient à toutes les victimes peuvent contribuer à consolider les liens individuels et collectifs. », a dit à ACTUALITE.CD, Me Jean Claude Katende, coordonnateur d’ASADHO.
M. Katende a cependant, déploré le laxisme des autorités congolaises à l’égard de M. Ntaganda. Cette situation a, d’après Jean Claude Katende, empêché la justice congolaise de se saisir du dossier du « Terminator » depuis des années.
« Sur la question de Ntaganda, la justice congolaise a été dépourvue de toute indépendance alors qu’elle pouvait agir indépendamment des acteurs politiques. Bosco Ntaganda a été protégé par le gouvernement de la République démocratique du Congo pendant longtemps. Quand nous demandions qu’il soit transféré devant la CPI pour qu’il réponde de ses actes, les autorités de l’époque nous disaient toujours mieux vaut protéger la paix que la justice. Tout compte fait, on se rend à l’évidence que sans justice il n’y a pas de paix et ils étaient obligés de transférer Bosco Ntaganda à la CPI. », a-t-il ajouté.
Bosco Ntaganda était accusé de 13 chefs de crime de guerre (meurtre et tentative de meurtre, attaque contre des civils, viol, esclavage sexuel de civils, pillage, déplacement de civils, attaque contre des biens protégés, destruction de biens appartenant à l'adversaire ; et viol, esclavage sexuel, enrôlement et conscription d'enfants de moins de 15 ans et leur utilisation pour les faire participer activement à des hostilités) et de cinq chefs de crime contre l'humanité (meurtre et tentative de meurtre, viol, esclavage sexuel, persécution, transfert forcé de population).
Le procès s'était ouvert le 2 septembre 2015 et les conclusions orales ont été entendues du 28 au 30 août 2018. Bosco Ntaganda est détenu par la Cour. Le procès s'est ouvert le 2 septembre 2015.
Au total, 2 123 victimes, représentées par les représentants légaux du Bureau du conseil public pour les victimes, Sarah Pellet et Dmytro Suprun, ont participé au procès sur autorisation de la Chambre.
Patrick Maki