La route provinciale de Kalambambuji qui permet à la province du Kasaï Central d'avoir un accès au port angolais de Lobito est un véritable casse-tête pour les usagers.
Aux bains des cochons qui rendent le trajet impraticable, s’ajoute l'état défectueux des ponts flottants jetés par la société CREC7 sur les rivières Lueta et Kasaï, il y a à peine quatre ans.
Sur le premier pont (Lueta), trente-deux camions en provenance de Kalambambuji transportant ciment, produits manufacturés et plusieurs autres biens sont immobilisés depuis le lundi 30 septembre à la suite de la détérioration du pont flottant dont certaines parties se sont affaissées provoquant la colère des usagers.
« Nous sommes ici depuis 8 jours exposés aux intempéries et à la faim. Le pont que les chinois disent avoir jeté a cédé et nos camions ne peuvent pas traverser », explique Jean Mulavudi, responsable de quatre des camions immobilisés.
« Nous demandons au président Tshisekedi de reprendre l’initiative pour la construction de cette route. Les chinois n'ont rien fait et les angolais se moquent de nous en voyant cette piste que nous appelons route comparativement aux routes dans leur pays. C'est inacceptable », crie en chœur une dizaine de femmes assises à la sortie du pont.
Pour traverser, les transporteurs ont trouvé une nouvelle formule qui consiste à décharger les camions qui viennent de Kalambambuji pour Kananga et faire transporter les marchandises à vélo ou sur les têtes des jeunes des villages environnants, et trouver des camions sur l'autre rive pour Kananga. Ce qui agace Jean Claude Kabunda de la Fec Luiza.
« Qu'est ce qui a changé ? Ça revient au même que quand il n'y avait pas des ponts. Les chinois ont pris beaucoup d'argent du péage et voyez ce qu'ils ont fait comme ouvrage. C'est révoltant ! Et avec ça, vous voulez que le prix baisse sur le marché à Kananga ? », s'interroge-t-il.
Face à cette situation, l’office des routes essaie de redresser le pont de Lueta mais avec beaucoup de difficultés.
« Nous avons remarqué que le pont avait été mal monté. Il n'a pas d'articulations et a tendance à céder lorsqu’il y a des charges. Pour le rendre un peu résistant, nous essayons de placer des châssis au-dessus avec rampes sinon rien ne tiendra », explique Ir Badibanga Badi de l'office des routes trouvé sur le pont en pleins travaux.
Même décor au pont jeté sur la rivière Kasaï entre la RDC et l'Angola. Un agent congolais de la société CREC7 reconnait que le pont est défectueux.
« Quand ils nous avaient engagé, les chinois disaient que ce pont avait une durée de vie de 125 ans. Voici qu'en moins de 5 ans, ce pont a cédé. Les camions qui viennent de l'Angola ne peuvent pas traverser avec leurs charges au risque de voir le pont s'effondrer. C'est ainsi que nous leur avons conseillé de faire transporter les marchandises par des tricycles ou par des jeunes garçons. Je demande au gouvernement de la république d'exiger de CREC7 qui a perçu beaucoup d'argent du péage et du pesage, la construction d'un pont solide », affirme Jean Louis Bimpanza, moulé dans une salopette avec mention CREC7 et qui se présente comme le chargé de la maintenance du pont.
La route de Kalambambuji est au centre d'un conflit entre les autorités du Kasaï Central et la société CREC7. Les autorités provinciales reprochent à CREC7 de n'avoir pas fait le travail comme consigné dans le protocole d'accord et d'avoir ouvert une piste et non une route au trafic en percevant les frais exorbitants de péage.
Sosthène Kambidi, de retour de Kalambambuji