Un des 90 condamnés pour l’assassinat, en janvier 2001, de l’ancien président congolais Laurent - Désiré Kabila, est mort le 12 juillet dernier en prison, 16 ans après sa condamnation.
A l'âge de 54 ans, Jean Bompengo, radié des forces armées congolaises après sa condamnation à mort en 2003, est mort dans la prison d'Angenga dans l’ancienne province de l'Équateur où il était détenu, a annoncé lundi 15 juillet l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO), estimant que cette mort doit "interpeller le président Félix Tshisekedi".
Bompengo est mort "à cause de mauvaises conditions de détention et du manque de soins de santé adéquats", affirme l'ONGDH congolaise, rappelant que "plus de dix personnes condamnées dans ce dossier" sont décédées dans les mêmes conditions.
Ce n’est pas "acceptable que ces personnes continuent à mourir en prison comme s’il y avait un plan pour les exterminer à petit feu afin d’occulter la vérité sur l’assassinat", insiste l'ONGDH pilotée par Jean-Claude Katende.
Bompengo n'était pas poursuivi pour le meurtre direct du président. Il lui était reproché d’avoir fait partie du peloton qui avait exécuté onze Libanais. Ils étaient, eux-mêmes, soupçonnés de complicité dans le meurtre de Laurent Désiré Kabila.
Et pendant le procès, il avait avoué avoir exécuté "des ordres venant d'en haut".
Pour ASADHO, ces condamnés, à la peine capitale pour la majorité, auraient dû bénéficier d’amnisties en 2005 et 2013, sous Joseph Kabila, fils du défunt. Mais cela n'a pas été fait, poursuit l’organisation, qui appelle le président Félix Tshisekedi à accorder une "grâce présidentielle" à ces détenus ou carrément les libérer en raison des amnisties de 2005 et 2013.
Le 2 juillet dernier, Félix Tshisekedi s’était dit "incertain" sur la relaxation éventuelle d’Eddy Kapend, un autre condamné à mort dans cette affaire. "Je ne sais pas s’il est libérable. Laissez-moi suivre ce dossier vu la peine de perpétuité", avait-il dit au cours d’une conférence de presse à Bunia.
C'est depuis plusieurs années que l'ONGDH mène une campagne médiatique pour obtenir la révision du procès qu'elle juge "irrégulier".
Le procès était porté par une juridiction d’exception : la Cour d’ordre militaire. Cette juridiction avait été créée en pleine rébellion en août 1997 par Laurent Désiré Kabila, trois mois après son coup d'État, renversant Mobutu Sese Seko. Les décisions de cette cour n’étaient susceptibles ni d’appel, ni d’opposition, selon les décrets qui l'établissait.
La cour devait juger les membres des forces armées mais aussi "tout individu poursuivi pour des infractions à main armée portant atteinte à des personnes ou à leurs biens".
Mais ASADHO avait fait remarquer que cette cour avait prononcé plus de condamnations à mort suivies d’exécutions que la totalité des tribunaux civils et militaires du pays au cours des 20 dernières années Mobutu. Ses juges étaient désignés par le chef de l’Etat qui avait, seul, pouvoir de renverser ses décisions.
Controversée, cette cour a été abolie le 24 avril 2003, à la suite du Dialogue inter congolais en Afrique du Sud (Sun City), entre Joseph Kabila et l'opposition armée.
Christine Tshibuyi