RDC : 19 personnes mortes de rougeole parmi les déplacés de Djugu à Bunia

ACTUALITE.CD

Le coordonnateur du service de protection civile en Ituri, Robert Ndjalonga, a rapporté ce lundi 8 juillet 2019 que 19 cas de décès suite à la rougeole ont été enregistrés en une semaine parmi les déplacés de Djugu installés dans des camps de fortune près de l'hôpital général et l’Institut supérieur pédagogique (ISP) à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.

La plupart des victimes sont des enfants. M. Ndjalonga alerte les autorités congolaises ainsi que les organisations humanitaires afin d’assister les déplacés qui vivent dans une promiscuité aiguë.  

« Nous avons déjà perdu 19 personnes la semaine passée dans ces deux sites. Les derniers cas remontent au 5 juillet avec les décès de 2 enfants suite à l'épidémie de rougeole. Nous sommes dans une situation déplorable qui sollicite l'implication des autorités compétentes si non nous risquons de compter les morts par jour », a signifié à ACTUALITE.CD Robert Ndjalonga, responsable du service de protection civile en Ituri.

M. Ndjalonga ajoute que plusieurs cas de rougeole enregistrés manquent de prise en charge et dit craindre le pire.

Fin juin, l’ONG internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel à la mobilisation médicale humanitaire pour répondre aux multiples crises qui secouent la province de l’Ituri notamment dans les territoires de Djugu, Irumu et Mahagi. MSF se plaignait que malgré plusieurs appels à la mobilisation pour une aide internationale, des milliers des personnes affectées par les conflits intercommunautaires, l’épidémie de rougeole et l’épique du paludisme  n’ont toujours pas bénéficié d’une assistance.

« Les enquêtes font apparaître que les gens meurent principalement de maladies évitables comme le paludisme, la rougeole ou les diarrhées C'est très inquiétant. D'autant plus que pendant une épidémie d’Ebola, on n'a jamais pu jusqu'à présent mener de campagne de vaccination contre la rougeole. Cependant, avec le ministère de la Santé, nous réfléchissons à des stratégies et des moyens innovants pour mettre en œuvre des réponses adaptées. », disait le Dr Moussa Ousman, chef de mission MSF en RDC.

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités de Djugu et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour sa part, l’existence d’une « secte mystico-religieux » dénommée CODECO  encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé ce jeudi 27 juin la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago, après deux jours d’intenses combats dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Franck Asante