RDC : 200 policiers en provenance de Kinshasa déployés à Djugu

Photo ACTUALITE.CD.

Le commissaire général adjoint de la Police nationale Congolaise (PNC) en charge de l'administration, le général Yav Mushid a annoncé ce samedi 6 juillet 2019 que 200 policiers en provenance de Kinshasa ont été déployés dans le territoire de Djugu (Ituri), où les violences armées ont fait plus d’une centaine de morts.

Ce déploiement policier intervient après la visite de Félix Tshisekedi dans la région.

« Ce sont les retombées du passage du chef de l'État. La police a une mission primordiale laissée par le chef de l'État, celle de ratisser et nettoyer le territoire de Djugu pour que la population regagne les villages, nous allons y travailler avec l'armée. Je suis venu m'adresser à la police pour qu’elle soit debout. Kinshasa a déjà déployé 200 éléments de la police et d'autres escadrons seront là. La police territoriale de Djugu est d'accord pour accompagner celle venue de Kinshasa pour cette opération. Nous avons travaillé dans ce territoire maintenant nous devons finaliser », a expliqué le général Yav Mushid au cours d’une parade à l’état-major de la police à Bunia. 

Yav Mushid a visité la localité de Mwanga où quatre policiers ont été tués par des hommes armés au mois de juin dernier. Il se rendra également à Djugu et Mahagi.

Félix Tshisekedi a séjourné la semaine dernière en Ituri. Il y a rencontré les responsables provinciaux et locaux. Il a tenu une réunion du comité provincial de sécurité en présence notamment des commandements des Forces armées de la RDC (FARDC), de la Police Nationale Congolaise (PNC) et de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Il s’est également adressé à la population de Bunia à travers un meeting. Il a prêché l’amour entre ituriens et annoncé son implication pour le retour de la paix. Félix Tshisekedi s’est également rendu à Djugu où il a promis que l’armée restera dans cette zone jusqu’au rétablissement total de la paix. Il a surtout dénoncé la tentative de génocide dans cette partie du pays.

« Une main leur est tendue pour qu’ils [Ndlr : miliciens] passent aux aveux et surtout qu’ils disent quel est le soubassement de leurs actions, pourquoi tant de violences, pourquoi tant d’acharnement à mal faire, à commettre le crime. Manifestement ça ressemble à une tentative de génocide, on voulait pousser la province de l’Ituri à s’embraser, à mener des événements malheureux comme le génocide qu’on a connu dans notre région de Grands lacs.  Et maintenant le plus important c’est de savoir qui est derrière tout ça, et ça je ne lâcherai pas, j’irai jusqu’au bout pour connaître la vérité », a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse mardi 2 juillet 2019 à Bunia.

Contexte

Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour sa part, l’existence d’un secte mystico-religieux dénommée CODECO  encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Franck Asante