L’intersyndical des travailleurs de la Société Congolaise des Postes et Télécommunication (SCPT) proteste contre la suspension de 37 travailleurs dont une dizaine de délégués syndicaux, par le directeur général ad intérim de l’entreprise, Patrick Umba. Depuis début mai dernier, les travailleurs de Kinshasa de cette entreprise ont entamé un mouvement de grève pour réclamer 4 mois de salaire et autres avantages sociaux.
L’intersyndical dénonce cette décision prise au moment où les discussions entre les employés et l’employeur sont au point mort.
« L’Inspection générale du travail qui est venue en arbitre nous a convié à la conciliation qui n'a malheureusement pas abouti. Il était question que l’Inspection générale du travail dépose le dossier auprès du ministre d’Etat du Travail où nous devrions aller en travail de médiation et le ministre avait trois jours pour le faire. Fort malheureusement jusqu'aujourd'hui, l’Inspection n’a jamais fait cela et le ministre ne nous a jamais conviés à une quelconque médiation. N’ayant pas trouvé gain de cause, les travailleurs ont continué à se maintenir en mouvement de grève jusqu'à ce jour. L’inspecteur général adjoint du travail qui avait conduit ces travaux vient maintenant, un mois après, de déclarer que la grève est sauvage, cela sur la demande du directeur général intérimaire qui, dans une lettre datant du 3 juin, a sollicité auprès de l’inspection des sanctions sévères à l’endroit des délégués des travailleurs. Et trois jours après, l’inspecteur a réagi favorablement à la demande du DG ai. Au moment où je vous parle, 37 travailleurs sont suspendus dont une dizaine de délégués. Ils ont recouru à la police qui est venue chercher les travailleurs de leurs antennes pour qu’ils ne manifestent pas là-bas. Ils ont commencé à intimider les travailleurs, ils les ont poursuivis partout, pour aller signer les lettres de suspension. Les travailleurs sont en cessation de travail, le contrat est suspendu et, pendant ce temps-là, vous les suspendez alors que le contrat ne court pas ? », a dit à ACTUALITE.CD Jean Kasongo, délégué syndical, qui a promis que l’intersyndical se prononcera dans les prochaines heures sur les mesures du DG.
L’intersyndical accuse Patrick Umba d’agir sous la couverture de la ministre du Portefeuille.
« Nous ne savons pas pourquoi le DG est là. Il a abandonné le bureau. ça fait maintenant 4 mois qu’il ne travaille pas là. Il a commencé à travailler par l’hôtel Royal maintenant on nous apprend qu’on lui aurait donné un local au ministère du Portefeuille. Il a une relation de parenté avec la ministre qui le protège au détriment même des entreprises du portefeuille qu’elle doit gérer. Madame la ministre est au courant de toute la situation mais n’a jamais répondu à une seule lettre de l’intersyndical. Curieusement, elle a écrit au ministre d’Etat du Travail pour sanctionner et retirer les immunités des délégués syndicaux qui doivent partir. Tout ça pour appuyer son frère », a déclaré Jean Kasongo.
La réalisation du projet de construction des logements sociaux fait aussi partie des revendications des employés.
« Pour les travailleurs de Kinshasa, ça fait quatre mois pour les actifs, 8 mois pour les retraités, plus de 15 mois dans les provinces. Hier, on a envoyé seulement un mois au Haut-Katanga et au Kongo Central. Dans d’autres provinces, on va jusqu’à 20 mois. Les gens ne sont pas payés, ils sont enterrés dans des nattes. Les travailleurs avaient consenti une décote de plus de 50% de leurs arriérés de salaire pour qu’on leur construise des logements sociaux. En plus de cela, l’employeur a retenu sur le salaire de chacun de travailleur 20% chaque mois. Ce qui a fait un montant retenu de 430.000 dollars qui devrait servir de complément de construction des logements et de l’aménagement du site et autres. La délégation est même descendue avec les délégués de l’intersyndical pour aller voir le site de Nsele. C’est tout sauf rien. Les quelque quatre maisons qui sont là ont été construites par l’ancien DG. Depuis que ce DG est parti, cet argent on ne sait plus à quoi on l’a affecté. C’est la brousse là-bas », a ajouté M. Kasongo.
La même situation s’observe en province où la cessation du travail est un fait courant. Au début de l’année, les travailleurs avaient déclenché une grève avant de la lever, début février, après un accord de payement des salaires de deux mois en deux tranches.
Fonseca Mansianga