RDC : Le général Gabriel Amisi commercialise des permis forestiers illégaux, dénonce Global Witness

Le Général Amisi au Nord - Kivu / Ph. Yassin Kombi

Sanctionné par les États-Unis et l’Union européenne (UE) pour atteintes aux droits humains, le chef d'état-major général adjoint des Forces armées de la RDC, le lieutenant-général Gabriel Amisi Kumba alias « Tango Four », commercialise des permis forestiers "illégaux dans les forêts de la RDC", lesquelles jouent un rôle crucial pour le climat, a révélé Global Witness.

"La famille d’Amisi a obtenu cinq concessions forestières en juin 2018, ce qui constitue une violation du moratoire sur l’attribution de concessions forestières industrielles, en vigueur depuis plusieurs années en RDC, dont l’objectif est de protéger les forêts humides congolaises d’une grande biodiversité et critiques pour l’environnement", souligne dans un communiqué publié dès les premières minutes de ce mardi 16 avril, l'ONG spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement.

Un puissant initié du régime de Kabila

Le ministre congolais de l’Environnement "a confisqué ces permis sans préavis à d’autres sociétés forestières, avant de les transférer vers la société Maniema Union 2, qui appartient à la famille d’Amisi", confirme-t-elle présentant le général Amisi comme une personnalité "puissant, notoire et proche allié de l’ancien président Joseph Kabila".

Un positionnement qui soulève des préoccupations quant à la possibilité "qu’il se soit servi de son influence pour contourner la loi en acquérant puis en revendant les permis forestiers", estime GW. L’annulation des permis et leur affectation à Maniema Union 2 ont pris quatre jours.

"En quelques semaines, la famille d’Amisi avait revendu la société et ses permis à Lei Hua Zhang, un géant du bois chinois, qui détient une grande société forestière entourée de mystère en RDC", lit-on dans le même document.

 "Le général Amisi, un puissant initié du régime de Kabila, semble avoir réussi à acquérir et à revendre des permis dans un temps record, alors que l’obtention de nouveaux permis était alors illégale", a déclaré  Peter Jones, responsable de campagne à Global Witness.

"Il est à craindre que des élites congolaises proches du pouvoir aient réussi à bafouer les réglementations environnementales afin de se faire de l’argent, ce qui pourrait avoir profité à des individus jouissant de relations dans le milieu politique, aux dépens des caisses de l’État congolais et des forêts du pays. Cela est d’autant plus inquiétant que l’élection congolaise controversée semble avoir donné lieu à un arrangement de coalition qui permet à Kabila, sans s’être présenté à l’élection, de conserver une très forte influence sur la politique de la RDC", a ajouté Jones.

"Le règne de Kabila a été marqué par une mauvaise gestion et une corruption généralisées"

Figure connue dans le monde des affaires et du football congolais, le numéro deux de l'armée est régulièrement cité dans le commerce illicite de ressources naturelles. Il a déjà été pointé du doigt  par l'ONU dans l’exploitation des mines d'or et le commerce d’armes.

"Le règne de Kabila a été marqué par une mauvaise gestion et une corruption généralisées, notamment dans les secteurs congolais lucratifs du bois et de l’exploitation minière", accuse l'ONG, soulevant "l’opacité qui caractérise les transactions commerciales menées dans les forêts congolaises". Pour elle, la vitesse éclair à laquelle le général Amisi a acquis et revendu les permis forestiers constitue un exemple supplémentaire.

Le général Amisi n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir.

Christine Tshibuyi