Les deux femmes qui prennent part à l'élection des gouverneurs dans la ville de Kinshasa se sont présentées en tant que colistières parmi 7 candidats. Il y a Nelly Kiwewa, colistière du candidat Déo Kasongo, et Paulette Mpanzu, colistière du candidat Bienvenu Kindongo. Au micro d'ACTUALITE.CD, certains défenseurs des droits des femmes essaient d'expliquer cette faible participation de la femme au poste des décisions du pays.
Priscille Ngoie Kabedi, coordonnatrice de l’Association Femmes et Action (AFA), explique la faible participation des femmes aux élections pour trois raisons.
« Premièrement, les femmes se sous-estiment. A un moment donné, elles ne se sentent pas compétentes d’avoir des capacités leur permettant de gérer. Raison pour laquelle, nous les sensibilisons. Deuxièmement, c’est la pesanteur socioculturelle qui pèse sur elles. Elles se disent qu'elles ne peuvent pas y aller seules. Que l’homme doit accompagner. Entre-temps, l’homme dit que la femme ne peut pas évoluer, la femme ne bâtit pas sa maison, et ça étouffe la femme. Troisièmement, il y’a l’absence de collaboration entre les femmes. C’est-à-dire que les femmes soutiennent difficilement les autres femmes. Si elles ne sont pas convaincues entre elles. Elles préfèrent soutenir les hommes parce qu’elles se disent, les hommes sont compétents. Autre catégorie des femmes, dit que la politique c’est un monde de mensonge donc elles n’aimeraient pas se salir les mains », explique la coordonnatrice de l’Association Femmes et Action (AFA).
Pour Rose Kamwanya Tshilolo, présidente de l'ONG Carrefour des Femmes de l’Action, le problème se trouve plutôt au niveau des partis politiques où les femmes sont de moins en moins plébiscitées.
« Tout commençant d’abord par les listes au niveau des partis politiques. On n'y aligne pas suffisamment de femmes. Et si on va plus loin, vous allez remarquer que beaucoup de femmes se sont réservées dans la politique depuis quelques années. Depuis 2011, elles n’y étaient pas nombreuses. C’est beaucoup plus au niveau des partis politiques. On nous contraint par l’alignement des femmes et ça pose problème », affirme Rose Kamwanya Tshilolo, présidente de l'ONG Carrefour des Femmes de l’Action.
Priscille Ngoie Kabedi déplore en même temps l'attitude de nombreuses femmes qui, d'après elle, ne font pas preuve de beaucoup d'effort pour participer à la gestion du pays au même niveau que les hommes.
« Nous tournerons à rond avec ce débat de 50/50 entre homme et femme. Dans ce pays, si on croise les bras pour attendre que la gouvernance nous tombe dessus, il n'y aura rien. Le pouvoir, c’est soit on naît avec, soit on l’arrache. C’est soit l’un, soit l’autre. Je crois que beaucoup de femmes préfèrent le secteur où il y a moins de pressions et de stresses. La femme doit comprendre qu'on n'obtient une grande richesse qu'en passant par plusieurs difficultés », ajoute la coordonnatrice de l'AFA.
Priscille Ngoie Kabedi dit prévoir des mécanismes de sensibilisation et d’accompagnement. Elle signale que son ONG envisage de travailler avec l’ONU/Femme dans le but d'instiguer la gent féminine à envahir la sphère politique comme le font les hommes.
L’élection des gouverneurs et des vice-gouverneurs est prévue pour le mercredi 10 avril prochain dans 24 provinces. La campagne se déroulera du 6 au 8 avril prochain.
Richard Makobo Musafiri