Elle a fait les couvertures de nombreux magazines dans le monde, elle prête son visage à plusieurs marques de cosmétiques pour peaux noires et métissées, mais bien au-delà de cet aspect, le mannequin international, Noella Coursaris Musunka est surtout la fondatrice de la Fondation Malaïka qui scolarise gratuitement des jeunes filles dans le Katanga, depuis douze ans. Rencontre avec cette philanthrope qui rêve de scolariser toutes les petites filles du Congo.
Noella Coursaris Musunka, bonjour et surtout merci de nous répondre à cet entretien. Pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous brièvement vous présenter ?
Je m’appelle Noella Coursaris Musunka. Je suis mannequin, fondatrice de la Fondation Malaïka. Je suis également ambassadrice pour le Fond Mondial, la plateforme qui lutte contre le paludisme, la tuberculose et le sida dans le monde. Je suis maman de deux enfants.
Vous avez créé Malaïka Fondation, il y a quelques années pour scolariser des jeunes filles dans le Katanga. Parlez nous de la genèse du projet.
Nous avons créé Malaïka dans un village enclavé où il n’y avait ni eau potable, ni électricité, ni infrastructures nécessaires pour l’éducation des enfants, en général, et des jeunes filles, en particulier. Ceci était un besoin nécessaire, ainsi nous avons commencé avec 104 filles et aujourd’hui nous en avons 314. La Fondation totalise actuellement 12 ans. Il faut noter que nous n’avons pas seulement l’école, nous nous développons sur plusieurs axes : avec l’école, nous donnons une éducation formelle gratuite de qualité pouvant faire de ces filles des leaders pour leur communauté et pour le monde. Avec notre centre communautaire qui impactent plus de 5000 personnes par an, nous accompagnons la communauté avec divers projets, notamment le projet Clean Water dans lequel nous avons maintenant 17 puits d’eau potable pour le village, le projet Drop Malaria avec lequel nous luttons contre la malaria par nos actions de sensibilisation (éducation) et de distributions des moustiquaires ; nous avons aussi le projet agriculture qui aide les membres de la communauté à apprendre d’une manière pratique les méthodes et techniques d’une agriculture bio, etc. Notre programme peut être dupliqué n’importe où dans le monde.
Aujourd’hui où en êtes-vous ? Combien des jeunes filles sont-elles scolarisées ? A quand la première promotion de diplômées ?
Nous continuons normalement, nous avons ouvert l’école secondaire depuis l’année passée, notre première promotion est actuellement en 2ème secondaire. Nous aurons les premiers diplômes quand celles-ci auront 18 ans, soit en 2023. Actuellement le nombre total d’élèves est de 314.
Une fois leur diplôme en poche, que prévoyez-vous pour les jeunes filles ? Une prise en charge à l’université ?
Oui, nous prévoyons l’université et les écoles techniques le cas échéant. Notre objectif est de les accompagner jusqu’à la réalisation de leurs rêves, de ce qu’elles veulent faire. Nous avons déjà commencé à visiter des universités locales et internationales ainsi que des écoles techniques de Lubumbashi. Les rêves des enfants sont notre préoccupation, nous voulons qu’après leurs études, elles puissent restituer ce qu’elles ont appris dans leur communauté en apportant les solutions durables pouvant mener à un bon développement du village ainsi que notre pays, voire le continent.
Malaïka est devenu aujourd’hui une grande structure qui fait un excellent travail. Comment tout ceci est financé ?
Les programmes de Malaïka sont financés par des donateurs privés qui vivent dans les différents coins du monde, des fondations familiales, des Grants. Il y a aussi des donations individuelles et donations en nature aussi. Nous sommes entourés d’une équipe internationale de volontaires. Moi-même, je ne suis pas rémunérée.
Quels sont les obstacles et défis que vous rencontrez au quotidien ?
Les obstacles, il y en a toujours. Le Congo n’est pas facile tous les jours ! Ce n’était pas facile de commencer. Il fallait tout d’abord convaincre les parents à envoyer leurs filles à l’école et croire en leur éducation. Nous avons des défis d’ordre matériel tels que l’insuffisance des tablettes et ordinateurs pour nos filles. Notre école est en progression, chaque année nous ajoutons au moins 25 nouvelles filles à l’effectif : ça demande un cadre bien équipé, les moyens nécessaires pour leurs prises en charge en éducation, ça demande aussi des salaires pour les nouveaux enseignants que nous engageons, et tout ça, ce sont des responsabilités qui augmentent. L’année scolaire prochaine, nous allons ouvrir les différentes sections pour notre première promotion, ça demandera une augmentation du nombre d’encadreurs.
Riche de votre expérience, quels sont les moyens qui peuvent être mis en place pour une meilleure scolarisation des jeunes filles en RDC ?
L’avenir de nos jeunes filles dépend d’une meilleure scolarisation, je pense qu’il faudrait que tous les acteurs de l’éducation mettent un accent particulier sur la qualité. L’éducation, oui, mais il faut se baser plus sur une éducation de qualité en renforçant le curriculum de l’école, en offrant des formations, des recyclages aux enseignants et en mettant en place de nouveaux outils de travail d’innovation comme par exemple le codage en informatique, etc. ou des activités parascolaires nécessaires à la vie des enfants.
Si vous aviez un message à faire passer à nos jeunes lectrices, quel serait il ?
A nos jeunes lectrices, croyez en vous, travailler dur pour réaliser vos rêves, c’est le plus grand secret de la réussite en toute chose à laquelle on aspire.
Propos recueillis par Kudjirakwinja Nabintu