Sénatoriales : Vidiye Tshimanga veut porter plainte contre les députés corrompus (Interview)

Vidiye Tshimanga, porte-parole de Félix Tshisekedi/Ph Radio Okapi

Vidiye Tshipanda Tshimanga, porte-parole du président Félix Tshisekedi, avait annoncé, le 15 février dernier, le retrait de sa candidature aux sénatoriales, à Kinshasa. Ce proche du président Félix Tshisekedi avait dénoncé la corruption organisée par les grands électeurs. Dans une interview accordée ce lundi 18 février à ACTUALITE.CD, Vidiye Tshipanda Tshimanga explique les raisons de ce retrait et révèle avoir échangé avec 6 députés qui ont demandé des sommes allant jusqu’à 50.000 USD. Il s’apprête à saisir la justice.

 Vous avez retiré votre candidature, pourquoi ?

Parce que pas seulement dans son discours mais dans tout son combat, le président de la République a toujours un point d’honneur pour la lutte contre la corruption. Et aujourd’hui je suis très déçu et étonné de me rendre à l’évidence du niveau de corruption auquel sont arrivés nos députés pour pouvoir permettre à ce qu’un candidat, tel que je suis, puisse accéder au siège de sénateur. Je me vois très mal dépenser de l’argent pour corrompre les députés et ensuite me battre contre la corruption. Je ne comprends pas ce mécanisme donc je ne peux pas me lancer dans cette bataille de cette manière-là.

Vous saviez que déjà pour les élections des précédents sénateurs, c’était comme ça. Mais vous y êtes quand même allé.

Je n’ai pas eu l’expérience de 2011. J’ai pensé quand même qu’il y avait un minimum des principes. Des principes d’appartenance à une famille politique, des principes aussi d’éthique. Devenir sénateur, ce n’est pas de moindre. Les députés provinciaux sont quand même les représentants du peuple et, dans une ville ou province comme Kinshasa, ce sont les représentants du peuple congolais de Kinshasa, des citoyens de Kinshasa. Je peux comprendre que lorsqu’il y a des échanges, parce que nous avons eu beaucoup d’échanges sur la ligne politique, sur les ambitions, sur les objectifs que nous allions nous astreindre bien de temps en temps qu’il puisse y avoir un petit transport pour rentrer chez soi. Mais que de là à passer d’un transport à une demande expresse de 25.000 USD, 30.000 USD ou 50.000 USD pour pouvoir donner votre voix et faire de moi un sénateur, je trouve ça en-dessous de tout et sincèrement je n’entrerai pas dans ce jeu-là. Aujourd’hui il y a des priorités, nous allons nous battre sérieusement et sincèrement contre cette corruption et je pense être au Sénat n’est pas la seule solution et le seul moyen de se battre contre la corruption, il y en a d’autres.

Vous parlez de 50.000 dollars ?

Il y a eu un qui m’a demandé carrément 50.000 USD. Le moins cher était à 25.000 USD. D’autres c’était 30.000 USD pour arriver jusqu’à 50.000 USD.

Vous parlez d’une personne, de deux personnes, trois, cinq….

Je vous parle de 6 personnes.

Vous êtes en train de dire que les prochains gouverneurs, sénateurs seront élus non parce qu’ils auront défendu des idées mais parce qu’ils auront donné de l’argent ?

Ce que je dis, il y a une sonnette d’alarme à tirer absolument. Il y a des familles politiques qui réussiront, j’espère à faire passer leurs sénateurs sur base d’idéologie politique, ça je veux bien le croire. Je suis certain qu’un parti comme l’UDPS réussira à donner un mot d’ordre à ses députés pour que ces derniers choisissent leurs sénateurs et que l’on voit au Sénat, des sénateurs qui ont été choisis par le parti UDPS ou bien la formation politique CACH. J’ose croire aussi que, dans d’autres familles, ce sera ainsi. Mais lorsqu’il y a des indépendants, lorsqu’il y a certains petits partis qui ont réussi à avoir les députés provinciaux mais qui se comportent aujourd'hui comme des mercenaires, je suis désolé. Nous devons tirer cette sonnette d’alarme et nous devons faire en sorte que les hautes instances du pays puissent instruire les responsables judiciaires de notre pays au plus haut niveau pour qu’ils puissent faire un suivi de cette situation. La situation est quand même grave. Rendez-vous compte que c’est dans l’hémicycle du parlement que nous allons retrouver des personnes qui risquent d’être des personnes qui auront corrompus pour arriver là où ils sont. 

Vous ne portez pas plainte ?

La plainte est en cours de rédaction. Je vais le faire.

L’UDPS revendique 12 députés alors qu’on est dans une Assemblée provinciale de 44 députés donc il va falloir convaincre et avoir plus de voix étant donné que le FCC revendique 17 députés. Comment pensez-vous sans justement la corruption arriver à convaincre les députés avec cette mentalité à voter pour votre candidat gouverneur ?

Le premier citoyen de la ville ne peut pas être le premier corrupteur de la ville. Ça serait grave que le premier citoyen de la ville ou de la province ne puisse le devenir grâce à la corruption. Si on en est arrivé à cette situation-là, je pense que la gravité de la situation est encore plus terrible que ce que nous imaginions lorsque nous nous battions pour pouvoir accéder aux responsabilités qu’aujourd’hui nous occupons. Et maintenant nous allons nous battre contre ça. J’ose croire, que c’est vrai, nous avons des députés CACH qui existent aujourd’hui et qu’il y a, certes, des discussions avec d’autres députés pour pouvoir arriver à cette majorité sur base d’une idéologie. Il faut se rendre compte qu’aujourd’hui nous avons le chef de l’Etat qui est d’une famille politique, il serait bien que dans la ville qui est le siège des institutions que le gouverneur puisse émaner du même profil.

Dans l’arithmétique, vous êtes battus.

Dans l’arithmétique, on peut dire que nous sommes un petit peu plus faible pour le moment mais il y a des jeux de coalition, d’alliance qui peuvent exister, qui peuvent permettre à ce que nous puissions faire en sorte que la cité soit gérée de la meilleure manière qu’il soit. Aujourd’hui, nous sommes dans une réflexion qui s’appelle la réconciliation nationale, c’est l’état d’esprit dans lequel le président Félix est pour qu’il n’y ait pas de chasse aux sorcières, pour qu’il y ait réconciliation nationale justement et que nous puissions aller de l’avant en construisant et non pas détruire en permanence.