Pendant le procès de ce lundi 11 février 2018, l'auditeur militaire a décidé de présenter, lors de la prochaine audience, Jean Bosco Mukanda en tant que prévenu dans le procès sur le meurtre des experts de L'ONU.
La décision de l'auditeur militaire découle de l'analyse du relevé téléphonique qui témoigne d'une communication permanente entre de présumés assassins des experts de l'ONU et Jean-Bosco Mukanda. Ce dernier jouissait, jusque-là, du statut de "témoin" bien qu'en détention.
Cette analyse du relevé téléphonique révèle que le 13 mars 2017, soit un jour après le meurtre des experts, Jean Bosco Mukanda a plusieurs fois échangé au téléphone avec Jean Kutenalu. Ce dernier est décrit comme secrétaire du foyer initiatique (Tshiota) du village de Moyo Musuile. Lieu où les experts ont été exécutés en date du 12 mars 2017. Interrogé à propos du contenu de leurs échanges, Jean Bosco Mukanda dit qu'il ne se souvient pas de quoi que ce soit. Il justifie, par ailleurs, ses fréquentes communications téléphoniques par son statut d'agent de renseignements et collaborateur de l'armée.
"En tant qu'agent des renseignements je pouvais avoir plusieurs contacts. D'ailleurs ce sont les officiers de l'armée qui me ravitaillaient en crédit de communication" a déclaré à l'audience Jean Bosco Mukanda, recommandant au tribunal de "produire" le contenu de leurs échanges téléphoniques avec Jean Kutenalu qui, d'après lui, était son élève.
Au cours de l'instruction, Jean Kutenalu, jusque-là en cavale, a été cité comme celui qui avait reçu l'appel téléphonique, le 12 mars 2017, annonçant l'arrivée de deux mercenaires blancs et des militaires congolais dans le but d'incendier le territoire de Dibaya. Les deux "mercenaires blancs" n'étaient autres que les experts de l'ONU, Michaël Sharp et Zaida Catalan.
Les avocats de la défense se félicitent de la mise en examen de Jean Bosco Mukanda.
"C'est une avancée majeure. Nous nous réservions de sortir nos preuves vu que ce monsieur n'était considéré jusqu'à présent que comme témoin. Nous allons démontrer comment ce monsieur (Jean Bosco Mukanda) a manipulé nos clients", a déclaré l'avocat Trésor Kabangu qui défend plusieurs prévenus dont Vincent Manga.
Le tribunal militaire a renvoyé le procès au jeudi 14 février 2019. Il a convoqué trois officiers de l'armée : les capitaines Jove, Mbuara et Amuli, qui étaient en contact avec Jean Bosco Mukanda. Le tribunal a prévu aussi la projection de la vidéo du meurtre des experts de l'ONU lors de la prochaine audience.
Sosthène Kambidi