Plusieurs habitants de la commune de Ruwenzori, nord-est de la ville de Beni (Nord-Kivu), qui avaient fui, depuis juillet dernier, les attaques à répétition des rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) commencent à regagner leurs domiciles. Sur les 70 000 personnes que compte la commune de Ruwenzori, au moins 40 % s’étaient déplacés après des tueries des civils par les rebelles.
Kambale Katchelewa, une vingtaine d’années, rencontré au quartier Bel Air en train de bouer sa case, dit avoir été motivé par ses voisins pour rentrer chez lui.
« J'ai vu plusieurs voisins passer la nuit ici, à Bel Air. Leur courage m'a motivé de venir entretenir ma maison. Je me sens à l'aise de rentrer chez moi. D'ailleurs, les militaires présents dans cette entité sont en train de nous demander de faire appel à ceux qui ont abandonné leurs maisons de les regagner », explique-t-il.
Masika Juakali, mère de cinq enfants, hésite encore mais l’ambiance de retour dans son quartier ne la laisse pas indifférente.
« En voyant ce mouvement de la population dans cette partie, je n'ai plus peur comme dans le passé. Voilà, pourquoi, j'ai décidé de venir passer toute ma journée dans ma parcelle en train de l'entretenir. Si tout va bien je pourrai venir rester chez moi », dit-elle.
Sur les cinq quartiers touchés par le départ de leurs habitants, seuls deux quartiers enregistrent les mouvements de retour.
« Pour le moment c'est la population qui avait effectué un mouvement dans Beni ville qui commence à retourner. Ce retour se fait observer dans les quartiers Boikene et Kasabinyole. Il nous reste les trois autres quartiers dont Nzuma, Ngadi et Paida parmi ceux qui étaient concernés par ce mouvement », déclare Aloize Mbwarara, bourgmestre de la commune de Ruwenzori.
Reprise des cours
Les cours ont repris dans certaines écoles qui avaient décidé de suspendre les activités suite aux incursions des combattants ADF notamment dans les quartiers Paida et Boikene. C’est le cas de l’Institut technique de Kasabinyole (ITIKA).
« C'est depuis le 14 janvier que nous avons repris avec les cours. Grâce à cette accalmie que nous observons maintenant, nous avons fait appel aux parents qu'ils puissent nous envoyer les enfants pour continuer avec les activités. L'effectif est en train d'augmenter au fur et à mesure qu'on est en train de continuer. Le premier jour on avait un effectif de 250 élèves mais actuellement nous nageons dans les 680. Le proved a déjà proposé un calendrier réaménagé pour Beni mais jusque-là ce calendrier est à titre provisoire parce que le ministre ne l'a pas encore confirmé », fait savoir Vincent Aunututu, proviseur de l'ITIKA.
Assurance de l’armée
L'armée rassure avoir renforcé ses dispositifs sécuritaires pour éviter toute nouvelle incursion dans cette partie de la ville de Beni.
« Depuis un certain temps nous avons réajusté nos positions par rapport à la défense de la ville de Beni, nous avons mis des doublés de la ceinture de sécurité de la ville de Beni et autres agglomérations. Il y a déjà un mouvement de la population qui a commencé à regagner la zone et nous souhaitons que ça puisse continuer. Que ceux qui sont en train de rentrer puissent prendre contact avec les militaires qui sont dans la zone pour qu'on puisse réagir en cas de tentative d'incursion. Nous n'hésiterons pas à faire des sacrifices pour transformer cette accalmie à une paix dans la ville de Beni », souligne le major Mak Hazukay, porte-parole de l’opération sokola 1 contre les rebelles ADF.
Parmi les attaques des rebelles dans la commune de Ruwenzori, l’on se souvient de celle du 22 septembre qui avait causé une dizaine de morts dans la cellule Mupanda occasionnant le déplacement massif de la population.
Yassin Kombi