« Remplacer Kabila par ses anciens collaborateurs équivaut à pérenniser ce système de gouvernance pourrie » (Noël Tshiani)

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Trois scrutins auront lieu le 23 décembre, a confirmé la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). 46.862.243 électeurs inscrits seront appelés à se choisir leurs députés nationaux, leurs députés provinciaux et leur président de la République. Les candidats sont déjà en campagne électorale et ACTUALITE.CD se met en mode élection. Avec #RDCVOTE, suivez sur toutes nos plateformes numériques tous les candidats à la présidentielle.

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Aujourd’hui, le candidat Noël K. Tshiani Muadiamvita

Noel

Qu'est-ce qui explique votre candidature à la présidentielle ?

Nous voulons donner à la RDC un leadership nouveau, propre, intègre, compétent et visionnaire qui mobiliserait tous les Congolais et toutes les Congolaises pour développer le pays au profit de toute la population. Nous voulons tourner la page des rébellions meurtrières, des massacres des innocents, de la corruption endémique, des détournements des fonds publics, de la prédation des ressources naturelles, du tribalisme, du mépris des Congolais par les gouvernants, de l’humiliation du peuple congolais, de la traîtrise du pays par les politiciens, de la dépravation des mœurs et de la mainmise des étrangers sur les Congolais devenus esclaves dans leur propre pays. Nous voulons passer du système actuel de mauvaise gouvernance qui nous a tous appauvris à un système de bonne gouvernance et de méritocratie où toutes les Congolaises et tous les Congolais ont une chance égale de s’épanouir dans notre société et dans notre pays. Nous voulons utiliser les ressources naturelles, pas pour l’enrichissement personnel de quelques individus et leurs familles, mais plutôt pour développer le pays au profit de tous les Congolais et toutes les Congolaises, sans exception. Nous voulons redonner la dignité au peuple congolais. Nous voulons que la justice soit indépendante et arrête d’être instrumentalisée contre les citoyens de la RDC. Nous voulons que la RDC devienne réellement un État de droit. Nous voulons que la RDC cesse d’être la risée du monde et redevienne un pays respecté et respectable. C’est ça le sens de ma candidature à la présidence de la République Démocratique du Congo. Pour arriver à ces objectifs, la RDC a besoin d’un leadership nouveau: propre, intègre, éduqué, expérimenté, visionnaire, connecté sur le plan international et doté d’une vision de développement cohérente pour transformer fondamentalement le pays et créer des opportunités et des emplois pour tout le monde. La RDC a besoin de tourner la page de la gestion du pays par des gens qui ont pillé, massacré, volé, violé, terrorisé et humilié le peuple congolais. A ce titre, remplacer Joseph Kabila par une personne parmi ses anciens collaborateurs, équivaut à pérenniser le système de gouvernance pourrie pourtant décriée par tous les Congolais."

Une fois président de la République, quelle sera votre première décision ?

La RDC a beaucoup de défis de développement qui constituent tous des priorités auxquelles il faudra répondre : le chômage de masses, le gap infrastructurel (eau, électricité, télécommunication, routes, autoroutes, chemins de fer, urbanisation, manque de diversification de l’économie, manque d’écoles et d'éducation de qualité, manque d’hôpitaux modernes et d’accès aux soins de santé de qualité). Mais la priorité des priorités sera de rétablir la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national pour protéger tous les Congolais et développer l’économie pour améliorer les conditions sociales de nos compatriotes. Nous aurons besoin de réconcilier tous les Congolais et de redonner confiance à notre peuple pour qu’il sache qu’il est possible de développer ce pays au profit de tous. L’amélioration des conditions sociales passera par la création des emplois et la mise en place d’un système de salaire minimum garanti qui permettra à ceux qui travaillent de vivre avec dignité."

Comment comptez-vous en finir avec les groupes armés à l’Est de la RDC et, particulièrement, avec les ADF à Beni ?

Pour pacifier le pays dans son ensemble et sécuriser tous les Congolais, il faudra rétablir l'autorité de l'État dans tout le pays car l'insécurité actuelle ne favorise pas le développement économique et social durable. Pour cela, il nous faudra réformer l'armée, la police et les services de sécurité pour les rendre plus humains et disciplinés, républicains et respectueux de la vie humaine et des biens d'autrui. La reforme consistera à inventorier et examiner les effectifs des éléments en uniforme en fonction des critères de qualification professionnelle, de nationalisme, de moralité et d'aptitude. Ensuite, il nous faudra recruter et former des  nouveaux éléments, doter l'armée et la police des équipements adéquats tout en favorisant le recyclage de ceux qui sont déjà au service de la nation. Enfin, il nous faudra garantir la rémunération adéquate et régulière ainsi que la sécurité sociale des hommes et femmes en uniforme. Nous allons instituer le service militaire obligatoire d’un an pour tous les finalistes de l’école secondaire avant le début de leurs études universitaires, ce qui permettra de leur donner de la discipline et de les préparer à défendre le pays en cas de nécessité. Nous demanderons aux groupes armés de déposer les armes immédiatement et réintégrer la société de façon ordonnée à travers des programmes de démobilisation et réinsertion dans la société. Ceux qui n’accepteraient pas de déposer les armes endéans 60 jours seront ramenés à l’ordre par force. Nous n’aurons aucune tolérance pour des inciviques qui commettent des crimes sur les paisibles citoyens. La volonté politique d’en finir avec les groupes armés est là. Il sera question de la mettre en oeuvre. Les Généraux militaires qui entretiennent des milices sont mis en garde car nous n’aurons pas de tolérance pour ce genre d’activités dans l’armée et la police."

Quelle sera votre politique énergétique pour favoriser l’industrialisation ?

Notre politique énergétique aura des objectifs à court, moyen et long terme. Dans le long, nous visons à rendre effective la construction de Grand Inga qui nous donnera 45.000 mégawatts d’électricité moins chère et propre pour favoriser l’industrialisation du pays, donner l’électricité à tous les ménages congolais et constituer une source de revenus pour le pays. Le coût de construction de Grand Inga est de $80 milliards et les recettes attendues sont de $15 milliards par an. Ce barrage constitue donc un bon investissement pour le pays. Au delà de Grand Inga, nous allons dans le court et moyen terme mettre l’accent sur la construction de petits barrages provinciaux, et le développement de l’énergie solaire, de la biomasse, du charbon, de l’énergie éolienne et du gaz méthane pour pallier aux petits besoins de consommation des ménages et de la petite industrie.

Quelle sera votre priorité une fois élu en matière écologique et de développement durable ?

En mettant en oeuvre notre stratégie d'industrialisation et de grands travaux d'infrastructure à haute intensité de main d'œuvre, nous devrons prendre des précautions pour protéger l'environnement en maîtrisant son impact sur le quotidien. L'environnement est notre source de nourriture et d'eau potable. L'air que nous respirons est notre source d'oxygène. Le climat permet notre survie. Et la biodiversité est un réservoir potentiel de médicaments. Préserver l'environnement est donc une question de survie. Tout projet de création d'industrie ou de construction d'infrastructure devra être précédé par une étude de l'impact environnemental. Ne pourront être approuvés et mis en oeuvre que des projets dont l'impact sur l'environnement est maîtrisé et qui ne peuvent avoir des effets négatifs sur la santé de nos populations. Nous devrons gérer avec prudence les questions relatives au crédit carbone et aux tourbes étant donné leur impact potentiel sur l’environnement et la santé des populations en RDC et dans le monde."

Plusieurs minerais dont le cobalt et le coltan sont considérés stratégiques. Qu’est ce que vous ferez de différent pour que ces minerais profitent véritablement à l’économie nationale et aux Congolais ?

Nous allons favoriser et accélérer l’industrialisation du pays. Ce programme permettra la  transformation locale de nos minerais et de nos ressources naturelles. Le pays a une capacité de production de l’énergie hydroélectrique de 100.000 mégawatts dont seulement 1.700 sont utilisés. Le pays a un répertoire de plus de 1.100 minerais et métaux précieux différents d'une valeur estimée de 38.000 milliards de dollars, mais dont à peine une trentaine de minerais sont exploités de façon anarchique. Il détient des réserves de forêts qui s'étendent sur 135 millions d'hectares et sont les plus importantes dans le monde après le Brésil. Il a d'importantes réserves de pétrole dont les quantités et les niveaux ne sont pas connus de façon exhaustive comme le démontre la récente découverte du pétrole dans le parc de Virunga. Il détient 53 pour cent des réserves d'eau d'Afrique et 15 pour cent des réserves d'eau du monde. Il a aujourd'hui une population de 87 millions d'habitants dont 60 pour cent sont des jeunes de moins de 20 ans, et qui est projetée à 190 millions en 2050. Avec toutes ces ressources naturelles et humaines, la RDC a le potentiel de devenir l’un des pays les plus riches d'Afrique et l’un de principaux vecteurs de sa croissance économique. La question fondamentale que nous devons nous poser en tant que Congolais est la suivante : comment s’assurer que les revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles favorisent un développement économique, social et humain profitant à tous les Congolais ? Pour répondre à cette interrogation, je propose une politique d’industrialisation accélérée de la RDC qui consisterait à développer une industrie locale à partir de ces minerais et métaux précieux et à partir de la mise en valeur planifiée de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et de la forêt. On ne peut pas se contenter d'exporter éternellement des matières premières brutes. Il faut créer de la valeur ajoutée et des emplois localement. En sélectionnant, par exemple, 100 de ces minerais et métaux précieux et en les transformant localement en produits semi-finis et produits finis à condition que chaque transformation crée de 5 à 10 emplois directs et indirects nouveaux au minimum, la RDC créerait de 50 à 100 millions d’emplois nouveaux dans le pays en l’espace de 15 ans, ce qui permettrait d'atteindre le plein emploi."

Concrètement, comment allez-vous mettre en oeuvre votre vision d’industrialisation accélérée du pays ?

Pour mettre en oeuvre la politique d'industrialisation, je propose la création d'une Agence Nationale pour la Promotion de l'industrialisation (différente de l’ANAPI) ayant pour missions : d'inventorier les produits manufacturés pouvant être fabriqués localement à partir des minerais et métaux précieux ou d'autres matières premières du pays ;  et de sponsoriser la recherche scientifique sur les matières premières, d'organiser des études de faisabilité de transformation et d'identifier les investisseurs potentiels ; le gouvernement facilitera la création d'un centre de recherche technologique pour promouvoir des recherches scientifiques dans des domaines divers pour appuyer la politique d'industrialisation. L’agence aura aussi la mission d'organiser la création des zones de développement industrielles avec des facilités foncières et fiscales ; de développer des zones franches pour l'exportation ; et de négocier la délocalisation des entreprises de transformation en vue de leur implantation en RDC. La RDC pourrait ainsi devenir, comme la Chine, le Vietnam ou l’Indonésie, un centre de production mondiale de certains produits semi-finis et finis. Les Congolais ne demandent pas mieux parce que notre population est travailleuse si on lui en donne l’opportunité. Jusqu’à ce jour personne ne leur a donné du travail au point où 85 % de la population active est au chômage. Une telle évolution créerait le plein emploi en 15 ans et nécessiterait même l’importation de la main d’œuvre étrangère pour combler le déficit en ressources humaines. La main d’œuvre étrangère proviendrait des pays africains, d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Tout le monde gagnerait de la mise en oeuvre de cette stratégie de développement. Un tel succès confirmerait la RDC dans son rôle de stabilisateur dans la région de Grands Lacs et de moteur de l’économie africaine."

En quoi consiste votre vision pour parer au gap infrastructurel dans le pays ? Je fais allusion aux routes qui manquent cruellement dans le pays.

Nous comptons favoriser la réalisation de grands travaux d'infrastructures. Il s'agira d'implémenter un programme pluriannuel de construction d’infrastructures à haute intensité de main-d’œuvre comprenant, entre autres, les routes, autoroutes, chemins de fer, écoles publiques, hôpitaux publics. Il s'agira aussi de favoriser la construction de 243 villes et villages modernes à travers tout le pays qui seraient équipées des infrastructures telles que l’eau, l’électricité, les télécommunications, les centres de récréation, les centres commerciaux, les services administratifs, les quartiers résidentiels, les champs d’exploitations industrielles, agricoles, d’élevage ou de pêche, et j’en passe. Nous allons créer les mêmes conditions de vie pour toutes nos populations dans toutes les 26 provinces du pays, sans discrimination et sans exception. Nous allons donc bâtir un pays plus beau qu’avant et où il fait bon vivre partout. La politique des grands travaux d'infrastructures sera mise en oeuvre en suivant le plan directeur national que vous avons soigneusement élaboré."

Une politique qui apparemment fait rêver les Congolais. Qu’en dites vous ?

Les Congolais sont en droit de rêver d'un Congo meilleur par rapport à celui que nous avons aujourd’hui. Nous avons droit de rêver du bonheur dans notre propre pays à l'instar d'autres peuples du monde, comme les Américains, les Français,  les Japonais, les Chinois ou les Sud Africains. Nous sommes  à même de changer notre destin et de vivre mieux dans ce Congo qui a tant fait pour moi et m’a tout donné. C'est pour cela que je propose "Le Plan Marshall de Noël Tshiani pour la Reconstruction et le Développement de la RDC» qui constitue l’instrument pour réaliser mon rêve d’un Congo meilleur. Mon rêve est celui de chaque Congolais et de tous les Congolais. Le rêve consiste pour un Congolais à ne pas émigrer à l'étranger, à rester chez lui au pays, à y vivre en paix, en sécurité et en toute tranquillité car nul n’est mieux ailleurs que chez soi. Le rêve pour la jeunesse congolaise est d'étudier au Congo dans de bonnes conditions pour acquérir des connaissances permettant d'être compétitif par rapport aux autres citoyens du monde devenu un village planétaire. Le rêve est d'avoir des soins médicaux de haute qualité en RDC et de vivre mieux et le plus longtemps. Le rêve congolais est de trouver du travail bien rémunéré en RDC après avoir terminé ses études et de s'acheter une maison et une voiture avec son salaire gagné à la sueur de son front. Le rêve est de rouler dans sa voiture sur des autoroutes allant de Boma à Ngandajika, de Sakania à Zongo, de Lisala à Beni, de Goma à Kikwit, de Lubumbashi à Kinshasa ou de chez soi à n'importe quel coin de la République. Le rêve est de manger à sa faim et de nourrir et habiller sa famille dignement; d'acheter des produits fabriqués en RDC sur base des matières premières congolaises. Le rêve est de restaurer l'intégrité territoriale, l'Etat de droit et la justice de manière à vivre en toute sécurité n'importe où dans le pays sous la protection d'une police, d'une armée et des services de sécurité dans lesquels les citoyens ont confiance. Le rêve est pour le Congolais de marcher avec sa tête haute, sans avoir honte de ce que fait son gouvernement. Le rêve est que la RDC cesse d’être la République des fils et des filles à Papa où l’ascension sociale se fait sans mérite et de façon héréditaire. Le rêve est que notre pays redevienne la République Démocratique du Congo où la promotion sociale est basée sur la méritocratie et où tout le monde a une chance égale de s’épanouir dans la société. Et finalement le rêve congolais est que la RDC retrouve sa dignité, sa respectabilité et ses lettres de noblesse. Notre rêve commun en tant que Congolais est de créer, au cœur de l’Afrique, un pays plus stable, plus prospère, plus équitable, plus beau et plus fort qu’avant."

 

Interview réalisée par Stanis Bujakera Tshiamala