RDC : Mukebayi demande au CSAC de se charger des journalistes qui prestent dans les cabinets ministériels

Journalistes kinois au cours d'une interview (ACTUALITE.CD)

Journaliste et candidat aux prochaines élections législatives, Mike Mukebayi, appelle le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) à plus de partialité dans la régulation des médias. Il demande également au CSAC, qui a récemment interdit les journalistes ayant postulés à la députation d’exercer leur métier dans les médias, d’élargir cette mesure jusqu’aux professionnels des médias exerçant dans des cabinets politiques.

Interview

Comment appréciez-vous la décision du CSAC à propos des journalistes candidats ?

Je ne conteste pas la mesure. Je me soumets. Je comprends qu’un journaliste, pour qu’il reste objectif, ne peut pas être partisan et en même temps journaliste. J’ai toujours défendu cette position. Ce que j’ai à redire là-dessus, c’est que je constate dans l’entretemps qu’il y a des nombreux journalistes notamment de la RTNC qui continuent à travailler dans des cabinets ministériels, alors que la même déontologie interdit aux journalistes de travailler dans des cabinets politiques. Donc pas de “deux poids, deux mesures”. Il faut aller jusqu’au bout. Il y a même des journalistes qui sont conseillers à la primature ou dans des cabinets ministériels qu’on voit présenter les soirs le journal (à 20 heures) sur la RTNC. L’autre problème, c’est l’interprétation qu’en font les médias. Personnellement, j’ai été notifié verbalement que je ne peux plus participer à l’émission Kiosque. Mais quand je viens dans cette émission, ce n’est pas que j’ai envie de continuer à y aller, j’ai fait mon temps dans ce plateau-là, et je peux aller ailleurs. Mais ce que je révèle, c’est que quand je viens dans Kiosque, je ne viens pas faire le travail classique d’un journaliste (collecter, traiter et diffuser). Je viens en tant qu’analyste. Il faut que les gens extirpent cette confusion dans les esprits. Sur Kiosque, je ne suis pas journaliste. Moi, je ne travaille pas à CCTV. Quand j’étais encore journaliste, je travaillais pour un média qui s’appelle C-News. Mais là, c’est un média qui m’invite en tant qu’analyste et éditorialiste. Je voulais extirper cette confusion dans les esprits et chefs de certains médias. J’estime que c’est une mauvaise interprétation de la part de la direction de CCTV. Mais je ne demande pas de passer à l’émission. Il s’agit d’une question démocratique et la directive du CSAC. Et, à mon point de vue, l’interprétation au niveau de certains médias notamment le CCTV est erronée. Mais je ne plaide pas du tout pour revenir sur ce plateau-là.

Pour vous, le CSAC doit se montrer plus ferme ?

C’est là que je trouve que le CSAC n’est pas impartial. Comme s’il recevait des instructions pour cibler un groupe de journalistes. C’est là mon inquiétude. Le CSAC ne fait pas son travail. Le contenu des médias, la publicité qui passe à la télévision, etc. Dans quel pays du monde as-tu vu qu’on passe la publicité à la télévision pour inciter nos enfants à partir (DV LOTTERY). Nous, nous allons développer le Congo avec quels bras et quels cerveaux si nous appelons notre jeunesse à quitter le pays ? Le CSAC ne voit-il pas cette publicité qui passe en boucle dans toutes les télévisions, dans tous les médias matin-midi-soir ? Ça coûte quoi au CSAC de prendre une directive à adresser aux médias pour leur demander de ne plus passer cette publicité-là ? Ça, le CSAC ne le voit pas, puisqu’en fait les politiques ne s’en sont pas indignés pour lui donner une instruction.

Quelle est votre principale crainte pendant la campagne électorale ?

Je ne vois pas le CSAC s’imposer pendant cette campagne. Par exemple à la RTNC, dire que tous les candidats auront autant de temps d’antenne. C’est ça ma crainte. Et regardez déjà au niveau de la pré-campagne, il y en a ceux qui battent déjà campagne dans les rues, à la télévision, un peu partout. Le CSAC ne bouge pas. Quand j’appelle le CSAC à l’impartialité, c’est vis-à-vis des promoteurs des médias de la majorité comme ceux de l’opposition. Mais davantage en ce qui concerne la RTNC parce que c’est un média public. Je demande au CSAC d’être impartial, mais en même temps je n’y crois puisque s’il n’a pas pu l’être ces cinq dernières années, ce n’est pas aujourd’hui, comme par enchantement, que le CSAC va devenir impartial. Et je crains pour la démocratie, et pour les prochaines élections.