Se basant sur 74 rapports médico-légaux entre 2013 et 2018, l’ONG britannique Freedom from Torture a documenté des actes de torture exercés sur les détenus dits d’opinion en RDC. Dans un rapport de 99 pages, FFT rapporte que plus d'un quart des 74 personnes consultées ont été détenues et torturées dans des lieux de détention de fortune et non officiels.
Témoignage rapporté Freedom From Torture
“B”* a grandi dans une ville de province. Elle était bonne élève et était surtout forte en sciences. Elle a fait des études de médecine. Elle était engagée sur le plan politique et a rejoint un parti d'opposition à l'université. Après avoir obtenu son diplôme, elle a emménagé avec sa famille à Kinshasa pour travailler. Une nuit, sans prévenir, son mari a été arrêté et détenu sans jugement.
Elle a fait campagne pour qu'il soit relâché, mais a été à son tour la cible des autorités. Leurs hommes sont entrés chez elle par la force, une nuit. Elle a essayé de protester, mais ils l'ont battue pour briser sa résistance. “B” a perdu conscience et s'est réveillée dans une cellule de prison. La cellule était exiguë ; il y avait juste assez de place pour un fin matelas. Elle n'avait pas le droit d'utiliser les toilettes quand elle en avait besoin. Les gardes ne la laissaient y aller qu'une fois par jour. Les autorités ont accusé son mari d'avoir comploté contre le Président et elle pense qu'il a été torturé pour le punir.
Les autorités lui ont dit que son mari allait mourir en prison, et elle aussi. Un garde de haut rang la prenait particulièrement pour cible. Il l'a violée de nombreuses fois, en faisant souvent précéder les viols d'agressions physiques. Parfois, il la battait avec ses poings ou avec un bâton, d'autres fois il la ligotait. On l’a informé de la mort de son mari en prison.
“B” pensait qu'elle périrait là mais, après plusieurs années en détention, un garde l'a aidée à s'enfuir. Il lui a donné un déguisement et de l'argent et l'a amenée dans une autre ville. De là, elle a pu obtenir de l'aide pour fuir la RDC. “B” est arrivée au Royaume-Uni et a demandé l'asile politique, mais le Home Office a rejeté sa demande. Elle a déposé un appel, qui comportait notamment un rapport médico-légal rédigé pour elle par Freedom from Torture, et elle a enfin obtenu le statut de réfugiée, en 2017.
* “B” est un pseudonyme utilisé pour protéger l'anonymat de cette personne.