Le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déploré, mardi, les "expulsions massives" des Congolais d'Angola, qui pourraient générer une crise humanitaire en République démocratique du Congo.
"Le HCR est préoccupé par l’évolution rapide de la situation humanitaire dans la région du Kasaï, en RDC, et par les retours massifs de réfugiés depuis l’Angola, au cours des deux dernières semaines. Selon les estimations des responsables congolais, 200 000 ressortissants seraient arrivés dans la seule province du Kasaï", a déclaré le porte-parole du HCR, Babar Baloch, lors d'un point de presse à Genève.
Les expulsions massives sont "contraires aux obligations découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et nous demandons aux deux parties de respecter les droits humains fondamentaux des personnes concernées", a ajouté le porte-parole.
Sans cette coopération, "les retours pourraient aisément déclencher une crise humanitaire dans la région du Kasaï, déjà fragile", a prévenu Baloch indiquant que l'agence a été informée de plaintes pour "violences, y compris des violences sexuelles et du harcèlement, des fouilles corporelles et des vols d’effets personnels, qui sont commis par les forces de l’ordre des deux côtés de la frontière".
Les Congolais qui arrivent dans les provinces du Kasaï se retrouvent dans une "situation désespérée, à la recherche de sécurité et d’aide", s'est alarmé le porte-parole.
La controversée opération a été lancée début octobre dans plusieurs provinces angolaises contre principalement des "étrangers en situation irrégulière" dans les maisons d'achat de diamants.
Le HCR vérifie encore des informations faisant état d'expulsions "d'un petit nombre de réfugiés" parmi les Congolais refoulés d'Angola.
"Pour prévenir tout retour forcé de réfugiés, le HCR examine la situation des rapatriés à la frontière, en étroite collaboration avec le gouvernement angolais", a déclaré le porte-parole.
Lors d'un Conseil des ministres, dirigé par le président Joseph Kabila, mardi, le gouvernement a décidé d’actionner un "Fonds Spécial d’Assistance Humanitaire" en faveur des Congolais "brutalement expulsés" d’Angola.
Il a également été décidé de dépêcher des délégations "de haut niveau sur tous les sites où ils se trouvent déployés à ce jour", selon le compte-rendu du Conseil des ministres.
Exprimant son indignation et ses "vives préoccupations" au gouvernement angolais, la RDC a condamné les violations des droits humains et les pertes en vies humaines provoquées lors de ces expulsions effectuées au mépris des accords existants en la matière.
Christine Tshibuyi