Les députés nationaux du Nord-Kivu adoptent en principe ce mercredi 17 octobre 2018, en commission, le rapport sur la situation sécuritaire à Beni avant son dépôt au bureau de l'assemblée nationale. C’est après la mission de sept jours menée dans cette partie du pays secouée par des tueries des civils par des présumés combattants ADF depuis quatre ans.
Le député Muhindo Nzangi, qui fait partie de la commission, a affirmé que l’armée est débordée et la situation est "dramatique" à Beni.
"La situation est dramatique, c'est le chaos en ville comme en territoire. L'armée est effectivement débordée, la population ne sait plus à qui se confier et elle est en colère, le maire de la ville est débordé, il n'y a pas d'écoles, c'est le vrai chaos", a décrit à ACTUALITE.CD, l'élu de Goma.
Plusieurs manifestations populaires organisées notamment par les élèves ont eu lieu récemment dans la ville de Beni pour protester contre l'insécurité. Nzangi lance un appel à l'unité et propose une table-ronde des leaders locaux pour juguler la crise qui perdure depuis 2014.
"Je lance un appel à l'unité. Si nous voulons gagner cette guerre, nous devons avoir la communion entre l'armée, la population et le leadership local. La notabilité locale doit parler le même langage. Je fais allusion à ceux qui ont l'influence dans la zone comme Mbusa Nyamwisi et les autres grands membres de Kyaghanda (Ndlr : communauté culturelle nande) de la diaspora qui ont une autre conception pas forcément de terrain, mais ont une grande influence", a-t-il suggéré.
Les dernières attaques des présumés combattants ADF dans l'est de la ville de Beni ont fait une vingtaine de morts parmi lesquels des militaires.
"Une commune de la ville (Ruwenzori) est inoccupée par la population et occupée presque en partie par les assaillants. Aujourd'hui, il y a une méfiance entre l'armée et la population qui croit que les ADF n'existent plus or les rebelles sont là, ils attaquent, tuent et la population et les militaires", a ajouté Nzangi.
Plusieurs habitants de la partie nord-est de la ville (Commune de Ruwenzori) ont abandonné leurs domiciles depuis l'intensification des attaques, et se sont réfugiés aux quartiers plus ou sécurisés.
La MONUSCO a annoncé le weekend dernier de nouvelles stratégies afin de sécuriser la commune de Ruwenzori, dans le but de "restaurer la confiance" de la population.
"La situation dans la commune de Ruwenzori est difficile et dramatique mais nous allons essayer de restaurer la confiance de la population. Nous allons renforcer notre dispositif dans l'Est de la ville avec les patrouilles renforcées sans entrer dans les détails", avait déclaré Evert Kets, chef de bureau de la MONUSCO Beni-Lubero, au cours d’un briefing vendredi à la presse.
Patrick Maki