Deux commandants des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ont été condamnés à perpétuité, le week-end dernier, pour crimes contre l'humanité commis au Sud-Kivu, rapportent trois ONG Internationales.
Dans un communiqué conjoint ce mardi 25 septembre, les ONG Trial International, eyeWitness to Atrocities et Witness soulignent que le tribunal militaire de garnison de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, a reconnu les commandants Gilbert Ndayambaje et Evariste Nizeimana coupables de meurtres, actes de torture, pillage et incendie.
Les 100 victimes parties à la procédure se sont toutes vues accorder des réparations allant de 5 000 USD à 25 000 USD.
Les faits pour lesquels les commandants Ndayambaje alias Rafiki Castro et Nizeimana alias Kizito ont été condamnés remontent d'il y a six ans lorsque les villages de Kamananga et Lumenje (Sud-Kivu) ont été le théâtre d’attaques des FDLR.
“Alléguant que les villageois soutenaient une milice locale rivale, des hommes répondant aux ordres de deux commandants (Gilbert Ndayambaje et Evariste Nizeimana) ont pillé les deux villages, torturé et tué des civils, et incendié plusieurs bâtiments”, expliquent les trois ONG dans leur communiqué et saluent une "victoire contre l’impunité", dans l’Est de la RDC".
Pour la première fois dans l'Est congolais, des vidéos ont été présentées comme preuves à charge.
"Quand les vidéos ont été projetées, l’atmosphère dans la salle d’audience a changé du tout au tout", témoigne Guy Mushiata, coordinateur des droits humains pour Trial International en RDC.
"L’impunité en RDC est extrêmement répandue, y compris au sein du commandement des groupes armés. Cette décision envoie un message clair à toute personne qui commettrait des abus en pensant que son pouvoir militaire la place au-dessus des lois”, a commenté Daniele Perissi, responsable du programme chez Trial International en RDC.
Ce verdict est l'un des très rares prononcés contre des responsables des FDLR, rébellion opposée au président rwandais, Paul Kagame, et créée en 2000 par des Hutu rwandais, réfugiés dans l'Est de la RDC après le génocide de 1994 au Rwanda.
Ce génocide fit 800.000 morts, selon les Nations-Unies, essentiellement parmi la population Tutsi. Les FDLR comptent dans leurs rangs des auteurs du génocide.
Ces rebelles sont accusés de commettre régulièrement des atrocités contre les civils dans les zones sous leur contrôle, dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu où ils sont disséminés.
Initiatrices d'une vaste opération contre les groupes armés, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont dernièrement annoncé avoir "neutralisé" un millier de rebelles FDLR depuis 2015.
Christine Tshibuyi