RDC : Un mort par balles, des blessés, gaz lacrymogènes… retour sur une matinée tendue à Kinshasa

La bouillonnante capitale congolaise des millions d’habitants s’est réveillée timidement ce dimanche 25 février, le jour de la marche des catholiques qui exigent du président Joseph Kabila un engament solennel à ne pas briguer  un troisième mandat interdit par la constitution.

Contrairement à la veille, les artères de Kinshasa étaient à moitié désertes. Plusieurs barrières ont été érigées par la police, de fois la garde Républicaine ou alors l’armée. Des véhicules étaient fouillés de fond en comble, les pièces d’identité exigées.

Les paroisses, fief des policiers et militaires

Dans les encablures de la plupart des paroisses, étaient postés des policiers et militaires bien armés  pour faire face aux catholiques qui voulaient manifester contre le pouvoir.

Gaz lacrymogènes et tirs des balles réelles,  un homme d’une trentaine d’années a été atteint par une balle  à la paroisse Saint-Benoît dans la commune de Lemba.

Amené à l’hôpital Saint – Joseph par ses proches, Rossy Mukendi militant d’un mouvement citoyen (collectif 2016) était déjà mort, selon le docteur François Kajingulu, Médecin directeur de cet hôpital  dans la commune de  Limete.

Dans cette structure sanitaire tenue par des catholiques, étaient également soignés, deux  manifestants atteints par balles près de la paroisse Saint-François dans la commune de Masina.

À la paroisse Saint Pie X dans la commune de Ngiri-Ngiri, les manifestants ont été dispersés après avoir entamé la marche. Deux personnes ont été légèrement blessées, d’après un reporter d’ACTUALITE.CD.

A la paroisse Saint-François de Sales à Kintambo, connue de triste mémoire pour la mort de la jeune aspirante Deshade Kapangala lors de la précédente mobilisation des catholiques, les manifestants déterminés sont  sortis  entamant la marche avant d’être gazés par la police après avoir parcouru une centaine de mètres.

Les fidèles de l’église Saint-Joseph de Matonge ont décidé d’organiser leur déferlante populaire dans l’enceinte de la paroisse.  Pour cause : ils ont rapporté avoir aperçu à l’intérieur de l’église des jeunes gens dont l’origine était douteuse.

Redoutant une infiltration, ils ont donc prise la décision de ne pas aller en dehors de l’enceinte de la paroisse.

A Notre Dame, muscle de la police sans manifestation

La cathédrale était à moitié pleine. La plupart des fideles n’ont pas pris part au culte dominical.  Après la messe, le prêtre a prié  pour la sanctification de la grotte qui selon les fideles a été profanée par les jeunes du parti présidentiel (PPRD … Ndlr) samedi soir.

Ces derniers, plusieurs centaines ont envahi l’enceinte de la cathédrale promettant d’y passer nuit pour empêcher les marches initiées par le comité laïc de coordination.

Pendant que les fideles s’apprêtaient à sortir pour marcher, la police a tiré sur  des dizaines de jeunes qui s’étaient déjà massés le long du boulevard de libération (Ex 24 novembre), attendant la fin de la messe.

Le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo s’est déployé dans les encablures de la paroisse, rassurant que ses troupes ne vont pas tirer sur des manifestants.  Quelques dizaines de fideles ont tenté en vain de manifester, le curé s’est retranché dans le couvant.

A la paroisse Saint Michel à Bandalungwa, les manifestants ont été gazés et poussé au retranchement par la police qui également tiré des balles réelles. Quelques manifestants ont été interpellés.

Recit de Christine Tshibuyi