Manif 31 décembre : "L'enjeu est de contraindre le pouvoir au respect des engagements de l'Accord” - Molendo Sakombi (UNC)

Le secrétaire interfédéral de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC)/ville de Kinshasa, Molendo Sakombi, explique, dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, ce vendredi 29 décembre 2017, que la marche programmée par le Comité Laïc de Coordination (CLC) dimanche 31 décembre sera, pour son parti en particulier, l’occasion de contraindre le pouvoir à respecter les prescrits de l’accord de la Saint-Sylvestre. Rejetant la polémique au sujet du positionnement de l’UNC et de son président, qualifié par certains comme “collabo de Kabila”, Molendo Sakombi réaffirme l’autonomie de son parti dont la preuve, à en croire ses dires, est sa participation à la manifestation du CLC.

<b>Plus d’une année après sa dernière marche, l’UNC manifeste encore ce 31 décembre. Quelle est la particularité de cette marche pour vous?</b>

La marche de ce 31 décembre n’est pas une initiative de l’UNC. Mais plutôt des princes de l’église catholique qui appellent les chrétiens à marcher pour demander au pouvoir de respecter les prescrits de l’Accord de la Saint-Sylvestre. C’est cela sa particularité. Donc l’église catholique qui avait été sollicitée par le président Kabila pour organiser ce dialogue, dit de la CENCO, est indignée de constater que le camp du pouvoir n’a pas la volonté de respecter les engagements consentis lors de ces assises. Elle tient à le lui rappeler. Cette marche rappelle celle dite de la Sainte-Julienne organisée le 16 février 1992 pour exiger la réouverture de la Conférence nationale.

<b>C’est quoi l’enjeu pour l’UNC ?</b>

Pour l’UNC, comme pour l’ensemble de l’opposition et les différentes forces vives du pays, l’enjeu est de contraindre le pouvoir à quitter cette attitude de suffisance et de blocage de la respiration démocratique et de respecter les engagements auxquels il avait librement souscrit dans le cadre de l’accord de la Saint-Sylvestre. Il est temps qu’on libère la démocratie pour permettre au peuple de se choisir ses dirigeants à travers des élections crédibles et transparentes. C’est aussi simple que ça. L’UNC veut des élections crédibles. Elle rejette toutes les manigances en cours qui concourent à organiser une parodie des élections.

<b>Kabila n’est plus l’ami à qui il fallait faire confiance ?</b>

Je vous rappelle que l’UNC existe depuis le 19 juin 2010 et qu’elle a été créée pour marquer une divergence. Je suis même tenté de dire une profonde différence de vue entre Vital Kamerhe et ses anciens partenaires de la Majorité présidentielle. Cette rupture est actée et définitive. Aujourd’hui, l’UNC ne cache pas ses ambitions de conquête du pouvoir et agit en fonction de ses objectifs en tenant compte de l’intérêt du peuple congolais. C’est donc ce peuple et son bonheur qui constituent notre principale préoccupation. Nos amis sont ceux qui pensent comme nous et mènent le même combat que nous. Nous savons que des campagnes de dénigrement sont menées pour semer le doute dans le chef de la population et la zizanie au sein de l’opposition en faisant passer le président de l’UNC pour un « collabo de Kabila»,  mais cela ne nous inquiète pas. Ce disque est rayé ! Vital Kamerhe a donné suffisamment de gages de son engagement aux côtés du peuple qui lui en est reconnaissant. Le reste n’est que pure distraction ; et je peux vous affirmer qu’à l’UNC, on ne prête pas le flanc à ce jeu là.

<b>Pendant ce temps, l’opposition peine à s’unir face à Kabila ?</b>

L’Opposition a, dans son ensemble, accordé ses violons lors de la récente rencontre de ses principaux leaders. Le ton avait déjà été donné avec le Mémorandum commun remis à madame Nikki Haley. La marche de ce dimanche est une démonstration de cette nouvelle dynamique d’union de l’Opposition. Pour la première fois, toutes les grandes plateformes de l’Opposition politique font bloc, et adhèrent sans réserve à la marche des Chrétiens. Je suis convaincu que cette union qui est un processus, va se consolider progressivement car c’est le seul moyen de maintenir une pression forte sur le président Joseph Kabila.

<b>Que recherche l’UNC aujourd’hui, un nouveau dialogue ou quoi, étant donné que le processus électoral est déjà en cours ?</b>

Un nouveau dialogue pour quoi faire ? A l’UNC, on n’est pas du tout dans ce schéma-là. Nous rejetons toute nouvelle manœuvre tendant à faire gagner du temps au pouvoir en place. Le seul objectif qui en vaille la peine aujourd’hui, ce sont les élections ; mais pas à n’importe quel prix, non plus ! Quand on voit dans quelles conditions la Loi électorale a été votée au Parlement, on ne peut que se poser des questions sur la volonté du pouvoir de faire aboutir ce processus électoral dans la transparence. Il ne faut être ni savant ni devin pour comprendre que la machine à voter est un problème qui entame sérieusement la crédibilité des prochains scrutins. Pour des raisons évidentes liées au coût, à son utilisation, à sa fiabilité et à la traçabilité du vote, nous rejetons fermement cette « machine à voter » qui crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. Il est temps qu’on laisse le peuple choisir librement et dignement ses dirigeants ; condition sine qua non pour retrouver la paix sociale et remettre le pays au travail.

<strong>Stanys Bujakera</strong>