A l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale du droit d’accès à l’information qui est célébrée le 28 septembre de chaque année, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) appelle à l’adoption de la loi sur le droit d’accès à l’information.
Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce jeudi 28 septembre 2017, le secrétaire exécutif de l'OLPA, Joseph Kabongo, déplore le fait que cette loi, examinée et adoptée depuis 2015 au niveau du Sénat, se retrouve sans suite au niveau de l’Assemblée nationale où les questions politiques sont privilégiées. Il dénonce également les discriminations dont sont l’objet les journalistes nationaux par rapport aux internationaux dans l’accès à l’information.
<b>Le monde entier célèbre la Journée internationale du droit d’accès à l’information, ce 28 septembre. Où en êtes-vous avec le projet de loi qui se trouve au niveau du parlement ?</b><b>
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Cette Journée, pour nous qui sommes au Congo, nous fait directement pensé au projet de loi sur l’accès à l’information qui est toujours dans les tiroirs de la chambre basse du parlement. Vous-savez que depuis novembre 2015, le Sénat avait transmis à l’Assemblée nationale le projet de loi qui était déjà examiné pour que celle-ci puisse examiner le projet en question. On constate que, presque deux ans après, l’Assemblée nationale a relégué cette matière aussi importante à une matière accessoire, privilégiant juste des questions trop politiques parce que les politiciens ont des intérêts.
<b>Est-ce qu’il y </b><b>a des stratégies à mettre en place afin de mener des plaidoiries au parlement pour que cette loi soit examinée ?</b>
Oui, les actions des plaidoyers continuent au niveau du parlement. C’est pour que la loi soit examinée au niveau de l’Assemblée nationale parce que le Sénat l’a déjà examinée. Cette loi vient d’ailleurs d’être inscrite dans le calendrier de la session de septembre qui vient de s’ouvrir, il n'y a pas longtemps. Elle fait partie des arriérés législatifs. Mais vous savez qu’avec notre Assemblée nationale, on veut beaucoup plus privilégier des questions politiques. Par exemple, aujourd’hui, on parle de la loi sur le CNSA, la révision de la loi électorale et le statut des anciens présidents de la République, etc. Vous constatez que nos parlementaires privilégient beaucoup plus les questions politiques qu’une question plus fondamentale comme la proposition de loi sur le droit d’accès à l’information qui n’est pas une loi concernant seulement les médias et les journalistes, mais tout citoyen congolais pour obtenir l’information dont il a besoin. Le parlementaire est aussi citoyen et l’avantage de cette loi est que tout détenteur d’informations, au niveau du pouvoir central, du pouvoir provincial ou des entités territoriales décentralisés, a cette obligation de livrer des informations et s’il ne les livre pas, la personne qui en a besoin peut exercer un droit de recours. Donc même les chercheurs, les étudiants, les journalistes sont concernés par cette loi.
<b>Comment entrevoyez-vous ce droit d’accès à l’information dans notre pays ?</b>
Parlons uniquement pour les journalistes parce que nous travaillons dans le secteur des médias. L’accès aux sources d’informations n’est pas aussi aisé ici. Les journalistes ont du mal à accéder aux sources d’informations et nos autorités ici privilégient beaucoup plus la presse étrangère que la presse nationale. Quand la presse nationale a besoin d'informations, c’est un problème pour atteindre un ministre. Donc, je pense que ce sont des comportements qu’il faut décourager et nous demandons aux autorités de mettre les informations à la disposition des médias locaux ou nationaux au lieu de privilégier uniquement les médias étrangers.
<b>Qu’est-ce que les journalistes congolais peuvent attendre de l'OLPA concernant cette loi ?</b><b>
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L'OLPA continue de plaider pour que notre parlement adopte la loi sur le droit d’accès à l’information. Si cette loi est adoptée et promulguée, nous allons nous lancer dans la sensibilisation des journalistes, en particulier, et des Congolais, en général, sur cette loi et nous allons suivre et éventuellement assister certains requérants des informations.
Interview réalisée par <b>Roberto Tshahe</b>