Déjà trois jours depuis que les autorités congolaises ont décidé de limiter l’accès aux réseaux sociaux sur l’étendue du pays. Le gouvernement congolais justifie cette mesure restrictive par le souci de lutter contre la propagation de fausses informations dont internet reste le principal canal de diffusion. Au sein de la société, les effets se font sentir et nombre d’opérateurs économiques grincent les dents.
A Kinshasa, particulièrement, internet est devenu un outil indispensable pour certaines activités d’une grande partie de la population tournée essentiellement vers la recherche des moyens de survie. La limitation de l’accès à internet pénalise, de ce fait, beaucoup d’entreprises et des startups dont les activités sont dépendantes d’internet.
<i>«Pas de recette depuis trois jours. Je ne sais pas si le gouvernement veut que nous mourions tous de faim »</i>, se plaint Armand Basilua, 35 ans révolu, tenancier d’un cybercenter en plein cœur de Kinshasa.
Dans une pièce de 20m carrés qu’il a obtenue en location avec à l'intérieur une dizaine d’ordinateurs connectés à internet, ce père de famille permet aux usagers qui ne peuvent souscrire à un abonnement de bénéficier d’un accès à internet. Son cybercenter est le plus réputé du quartier à cause notamment du coût abordable. Ce qui lui attire un nombre conséquent de clients. Habitué à fermer son établissement à 22 heures à cause de l'affluence des visiteurs, le jeune entrepreneur se trouve contraint de fermer à 17h faute de connexion internet.<i> «Il n’y a pas de connexion, comment voulez-vous que mon cyber fonctionne normalement?», </i>interroge-t-il, l’air visiblement agacé avec quatre cadenas en mains.
<b>Censure à répétition</b><b></b>
Les cybercafés ne sont pas les seules activités économiques à avoir été négativement impactées par la restriction de l’usage de l’internet imposée par les autorités congolaises. Dans d’autres quartiers de Kinshasa, certains agents des agences de loterie disent également avoir remarqué une baisse de recettes depuis la limitation de l’accès à internet. <i>« Il n’y a pas moyen de vérifier le score des matchs sur internet. On nous apprend que le gouvernement a coupé internet. Donc on ne peut pas non plus parier ce dernier temps»</i>, explique un joueur de Parifoot (ndlr loterie qui consiste à parier et gagner de l’argent en fonction des résultats des rencontres de football).
C’est la troisième fois que le gouvernement congolais décide des mesures de limitation d’accès à internet. La plus longue en terme de durée a eu lieu en janvier 2015 après de fortes manifestations contre l’adoption d’un projet de loi relatif à la révision de la loi électorale. Un an et huit mois après, soit en septembre 2016, les autorités congolaises ont une nouvelle fois restreint l’accès au réseau internet dans cette période correspondant à l’approche de la fin du mandat constitutionnel de Joseph Kabila.
Cette troisième limitation d’accès à internet semble s'inscrire, elle aussi, dans la suite des mesures restrictives condamnées par plusieurs organisations internationales qui la qualifient « d’atteinte à la liberté d’accès à l’information ».
En dépit du tollé provoqué par cette décision au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale, les autorités congolaises maintiennent jusque là leur décision. La population congolaise, elle, en subit encore les effets.
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</b><b>Will Cleas Nlemvo</b><b>
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