Accord de paix RDC-Rwanda ce vendredi 27 juin à Washington : pourquoi la signature par les ministres des affaires étrangères sera définitive alors que le processus de Luanda prévoyait la signature par les Chefs d’Etat ?

Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington
Signature de la déclaration de principe par les MAE congolais et rwandais à Washington

La journée du vendredi 27 juin 2025 à Washington sera marquée par la signature de l'accord de paix entre la République démocratique du Congo représentée par Thérèse Kayikwamba Wagner et le Rwanda représenté par Olivier Nduhungirehe, en présence de Marco Rubio, Secrétaire d'État américain.

Selon un officiel rwandais proche du dossier, le gros du travail a été déjà réalisé par les experts de deux pays. À l'en croire, même du temps des négociations dans le cadre du processus de Luanda, les experts ont toujours fait avancer les choses dans la bonne direction et la présence des chefs de la diplomatie à Washington aura une seule mission: la signature définitive de l'accord de paix entre Kinshasa et Kigali.

"Les experts ont négocié l'accord de paix qui sera signé par les ministres, ils l'ont négocié, approuvé et paraphé. Donc les ministres vont se rendre à Washington juste pour signer, on ne va plus renégocier, ce qui est d'ailleurs bien parce que les experts, même lors du processus de Luanda l'année passée, ils ont toujours fait du bon boulot, le fruit de leur labeur était toujours cassé par Madame Thérèse Kayikwamba, c'était toujours comme ça. C'est bien maintenant que l'accord a été paraphé et il va être signé définitivement et va entrer en vigueur le 27 juin", a expliqué à ACTUALITE.CD cet officiel rwandais.

Après la signature, viendra désormais l'étape de la mise en œuvre dudit accord de paix. Selon les informations d'ACTUALITE.CD, le prochain sommet des Chefs d'État annoncé n'aura pas pour mission de valider ni signer l'accord de paix, mais plutôt pour faire avancer les discussions de paix et la prospérité économique.

"Il y a des délais par exemple, la mise en place de ces mécanismes conjoints de coordination, je pense que c'est dans les 30 jours. Il y a des délais qui vont donc commencer à se compter à partir du 27 juin et donc le sommet dont on parle des chefs d'État, ce n'est pas un sommet pour approuver quoique ce soit ou pour entériner ou signer quoi que ce soit. C'est un sommet où les chefs d'État en présence du Président Donald Trump, peut-être en présence d'autres Présidents, peut-être le Président du Conseil Togolais ou le Président de l'Union africaine on ne sait pas encore, donc ils vont simplement discuter de comment faire avancer la paix, la prospérité, la stabilité économique. Il n'y aura pas de signature par les Chefs d'État", a-t-il ajouté.

S'agissant du calendrier pour la tenue du sommet des Chefs d'État, cet officiel révèle que la date exacte n'est pas encore connue et que l'hypothèse de cette rencontre au mois de juillet n'était pas évoquée.

Pourquoi la signature par les MAE à Washington 

Le processus de Luanda prévoyait pourtant la signature de l’accord le 15 décembre 2024 par les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Mais à Washington pourquoi ce n’est plus le cas?  Cet officiel rwandais explique:

"À Luanda, le processus était légèrement différent, il y avait une réunion des experts et qui remettaient leurs copies signées aux Ministres pour approuver, renégocier avec le pouvoir d'amender. Donc c'est pour ça que je pense même en septembre, vous vous rappelez de l'épisode malheureux où le général major Christian Ndaywel s'était fait ridiculiser par Thérèse Kayikwamba. Donc les experts avaient approuvé le plan harmonisé de neutralisation des FDLR et la levée des mesures rwandaises de défense, les experts les ont présenté, on croyait aller très vite, directement Kayikwamba s'est opposée, elle est allée au téléphone avec le Président Félix Tshisekedi pendant quelques temps et revenue pour dire qu'elle s'oppose à ça", a-t-il relaté à ACTUALITE.CD.

La non signature de l'accord à Luanda était liée à la question du M23. Cette fois-ci, dit-il, la question est prise en charge au niveau du processus de Doha sous la médiation du Qatar. 

"Cet accord de Luanda du 15 décembre, il était prévu la signature par les chefs d'État mais pour préparer la version finale on avait invité les ministres des affaires étrangères le 14 décembre pour négocier quelques éléments qui restaient puisqu'on s'était mis d'accord sur un Conops le 25 novembre, il restait le seul point c'était la question de M23. Donc toute la discussion portait sur le dialogue avec le M23 que la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a catégoriquement refusé. C'est pour ça qu'il n'y avait pas d'accord à signer le 15 décembre, c'est pourquoi le Président Paul Kagame n'avait plus de raisons d'y aller pour juste prendre une photo alors qu'il n'y avait pas d'accord à signer. Maintenant on est dans une situation qui est différente puisque la question du M23, le dialogue avec le M23, on va se référer à Doha. Donc c'est Doha qui va nous donner la direction sur comment régler la question du M23", a expliqué la source.

Selon toujours notre interlocuteur, le contenu de l'Accord AFC/M23 et gouvernement à Doha ne devrait pas être versé dans l'accord global de Washington "puisque l'accord va être signé le 27 juin mais on se mettra d'accord sur le fait d'encourager le processus de Doha qui va régler la question de M23”.

“Ce n'est pas Washington qui avait l'ambition de parler des questions sécuritaires liées au M23. On s'est mis d'accord sur le soutien à apporter aux négociations en cours entre la RDC et l'AFC/M23, les négociations sont en cours, on s'est engagé à le soutenir jusqu'au résultat de ces négociations", a-t-il confié. 

S'appuyant sur la Déclaration de principes signée le 25 avril 2025, l'Accord signé mercredi 18 juin 2025 par les délégués de la RDC et du Rwanda a été élaboré au cours de trois jours de dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques. Selon le communiqué du département d'Etat américain annonçant la signature de l'accord, Il comprend des dispositions sur le respect de l'intégrité territoriale et l'interdiction des hostilités ; le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ; la mise en place d'un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le CONOPS du 31 octobre 2024 ; la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi que l'accès humanitaire ; et un cadre d'intégration économique régionale.

Dans le cadre de la coordination continue entre les efforts de facilitation des États-Unis d'Amérique et de l'État du Qatar, ce dernier a participé à ces discussions afin d'assurer la complémentarité et l'harmonisation des initiatives des deux pays visant le dialogue et la paix dans la région. La RDC et le Rwanda ont exprimé leur gratitude pour les précieuses contributions et les efforts conjoints des États-Unis et du Qatar, en tant que partenaires, pour promouvoir une résolution pacifique.

Clément MUAMBA