Nshole : "Les évêques ont décidé de mettre fin à leur mission aujourd'hui"

Le secrétaire général de la CENCO, l'abbé Donatien Nshole a affirmé ce lundi 27 mars 2017 que les Évêques ont décidé de mettre fin à leur mission à l'issue de la plénière de ce soir.

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, l'abbé évoque le problème à l'origine du blocage persistant et révèle que les Évêques ont décidé, si leur proposition n'est pas acceptée, de remettre leurs toges de pasteurs.

<strong>À quelques petites heures de la clôture des discussions telle que vous l'avez réclamé, où en sommes-nous ? Quel est le point de la situation ?</strong>

Je dirais que le gros du travail a été fait. Jusqu'à la dernière plénière, il restait encore deux points de divergence. Mais les évêques ont décidé de mettre fin à leur mission aujourd'hui si jamais leurs propositions ne sont pas prises en compte. Il y a le point sur le mode de désignation du Premier ministre. Pour le Rassemblement, c'est une personne qui doit être présentée et le président de la République doit nommer. Pour la majorité, on donne une liste de 3 personnes et le président devrait nommer. On est resté là pendant des semaines et des mois. Alors, la médiation fait une proposition au-delà de la confrontation 1 contre 3. La médiation propose ceci : "le Premier ministre est nommé par le président de la République au terme des consultations avec le Rassemblement". Une formule qui arrondit les angles, une formule qui permet de tout faire pourvu qu'on ait un Premier ministre nommé par le président de la République, mais présenté par le Rassemblement. C'est la proposition! Vous allez savoir qui va accepter et qui va refuser. Deuxième point de blocage, la présidence du CNSA. Pour le Rassemblement, la lettre de l'Accord est claire : "Celui que le Rassemblement choisit comme président du Conseil des sages ferait automatiquement président du Conseil de suivi de l'Accord". La Majorité Présidentielle et les autres composantes disent "non ! Par rapport à l'esprit, c'était la personne d'Etienne Tshisekedi qui comptait pour ce poste là. Maintenant que Tshisekedi n'est pas là,  ça devient un poste disponible qui peut être occupé par tout le monde pourvu qu'il y ait consensus". Deux points de vue diamétralement opposés. La médiation propose qu'on tienne compte de la lettre de l'Accord mais aussi de l'esprit. Par rapport à la lettre de l'Accord, c'est le président du Conseil des sages qui est président du Conseil national de suivi. Par rapport à l'esprit, comme ont dit les autres, ce n'est pas automatique. La personne doit faire l'objet d'un consensus. Qu'est-ce que la médiation peut faire de plus sinon proposer une voie qui peut mettre ensemble ? Si les uns et les autres, pour des raisons d'orgueil personnel, préfèrent sacrifier le pays, exposer le pays qui est déjà au bord de l'implosion économique, les évêques ont la parole. ils n'ont pas de fouet, ils n'ont pas les armes. Voilà la triste réalité. Je crois qu'ils vont écouter la voix de la raison. Ils doivent finalement penser à leurs parents qui sont victimes de cette situation politique dans la mesure où ça affecte terriblement l'économie. Il faut manquer de cœur pour ne pas tenir compte de cela.

<strong>Vous allez mettre fin à votre mission de bons offices si ça ne marche pas et c'est le cas le plus probable. Quelle sera la suite si vous laissez tout et vous partez? </strong>

Je crois que vous connaissez les évêques du Congo. Ils n'ont pas commencé à s'intéresser et à prendre position sur la situation du Congo à partir des bons offices. Avant les bons offices, il y a leur mission prophétique. Comme Pasteurs, ils ne vont jamais se taire pour la cause de la RDC. Ils ne vont jamais laisser faire n'importe quoi dans la mesure de leurs possibilités. Donc, pour répondre brièvement à votre question, finie la mission de bons offices, les évêques remettent leurs toges de la mission prophétique. Le prophète est celui qui dénonce, le prophète est celui qui annonce, mais encore que le prophète doit être celui qui est écouté par les brebis, la population que vous êtes.

<strong>La position du Rassemblement d'appeler la population dans la rue pour revendiquer l'application de l'Accord au cas où l'Arrangement particulier n'est pas signé ce soir. Cela sera la conséquence de l'échec de la mission de bons offices?</strong>

Je crois que vous êtes journaliste et vous êtes là pour aussi éclairer l'opinion. Je crois que le peuple congolais a été témoin des sacrifices consentis par les évêques pour pouvoir amener les acteurs politiques à se retrouver autour d'une table pour trouver les solutions à la crise électorale. Des gens qui autrefois ne pouvaient même pas se regarder autour d'une table. Les Évêques voulaient un dialogue inclusif, ils l'ont eu. Ça, c'est pas un échec ! Comme j'ai dit, les évêques ont la parole, ils n'ont pas de fouet, ils n'ont pas d'armes. Donc leur mission comme hommes a aussi une limite. Est-ce que c'est un échec ça? Je ne crois pas. Je crois qu'il faudrait plutôt être correct en identifiant les responsables.

<b>Votre mission vous a été confiée par le président Joseph Kabila. Lorsque vous allez mettre fin à cette mission de bons offices, quelles seront alors après vos relations avec le président Kabila qui vous a donné son quitus, son feu vert pour réunir les deux camps?</b>

Ça ne pose pas de problème ! Il est là. Il est président de République. L'institution président de la République n'est pas vieille d'aujourd'hui. Il a toutes ces considérations et il devra aussi respecter les pasteurs dans leur mission pastorale.

<b>Qu'est-ce qui est probable pour la soirée d'aujourd'hui. À quoi vous attendez-vous à assister ce soir ? Par un coup de bâton magique l'Accord sera signé ?</b>

Je ne voudrais pas être prophète dans ce sens là. Tout est possible ! Nous nous sommes séparés avec des divergences, avec des propositions de la médiation et vous allez voir qui accepte et qui n'accepte pas et vous allez conclure vous-même qui bloque et qui ne bloque pas.

Interview réalisée par <strong>Pascal  Mulegwa</strong>