Stéphane Mashukano, ancien secrétaire de l’UNC ayant quitté le parti en décembre dernier avec quatre autres membres ont rejoint ce jour le Front Citoyen pour la République (FCR) dirigé par Jean Bertrand Ewanga également ancien secrétaire général du parti de Kamerhe. Au micro d’ACTUALITE.CD, Mashukano revient sur son parcours au sein de l’UNC et les tractations en cours en vue de la mise en oeuvre de l’Accord du 31 décembre.
<strong>Vous avez démissionné en début décembre dernier avec quatre autres membres de l’UNC, aujourd'hui quelle est votre position ? </strong>
Un petit rectificatif, c’est par contre cinq. C’est avec quatre que nous sommes dans notre nouvelle orientation. Notre nouvelle orientation c’est le Rassemblement parce qu’à notre niveau nous avons pensé que c’est là où on parle le langage du peuple qui veut qu’il y ait changement, qui doit s’opérer à travers l’alternance. Voilà l’une des raisons qui ont fait à ce que nous puissions quitter le parti (UNC) et nous retrouver dans le Rassemblement par le truchement du parti Front Citoyen pour la République (FCR). J’avais deux raisons de quitter l’UNC: il y a l’aspect politique et des guéguerres à l’interne, ce qui ne m’a pas permis de bien évoluer. C’est pourquoi j’ai claqué la porte de l’UNC.
<strong>Expliquez-nous un peu ces raisons…</strong>
La raison politique c’est que pour moi je n’ai jamais condamné le président Kamerhe d’avoir choisi la voie du dialogue, il faut que les gens me comprennent très bien. A mes yeux j’ai vu que le président (Kamerhe) a été roulé dans la farine. Quelqu'un qui faisait ma fierté, le retrouver comme ça être malmené, c’est quelque chose qui m’a vraiment choqué, qui m’a frustré, c’est un problème réel pour moi il faut que je le dise. Peut-être que j’ai tort, pour moi c’était une erreur de faire confiance aux gens de la majorité, et les conséquences se payent cache. Je crois que c’est parmi même les raisons qui ont fait à ce que l’ex secrétaire général, mon patron actuel Bertrand Ewanga et même l’ex secrétaire général adjoint Claudel Lubaya se séparent avec lui. L’autre seconde raison c’est qu’il y avait beaucoup de situations désagréables, des guéguerres à l’interne, des bâtons dans les roues…
<strong>Pourquoi avoir choisi de cheminer avec Bertrand Ewanga ? </strong>
Premièrement, je pense que je jouis de ma liberté d’aller là où je veux, deuxièmement c’est quelqu'un avec qui nous avons évolué dans le même parti et puis j’ai vu qu’il fallait j’aille du côté où on parle le langage du peuple. Outre les raisons qui peuvent être objectives, il y a aussi mon appréciation personnelle.
<strong>Mais après le dialogue de la cité de l’UA, Kamerhe a signé aussi l’Accord du centre Interdiocésain… </strong>
Effectivement, et là moi je suis en train de lui jeter des fleurs parce que dans le premier dialogue il y avait à boire et à manger. J’avais suivi même un des signataires Azarias Ruberwa lui-même qui reconnaissait qu’il y avait beaucoup de zones d’ombres dans cet accord, ça donnait toujours une marge des manœuvres importantes au président Kabila de manipuler les choses à son aise, il était encore confortablement assis. Par contre le deuxième dialogue est venu corriger beaucoup de choses entre autres de signer qu’il ne se représentera pas, de ne pas envisager un quelconque référendum … même le premier ministre qu’on avait nommé c’était en quelque sorte quelqu’un qui pouvait jouer le rôle de figurant, ce n’est pas pour rien qu’on se cantonne là-dessus en disant que c’est quelqu'un du Rassemblement, comme si la majorité est devenue le porte-parole du Rassemblement, comme si ce dernier ne connaît pas ses poulains…
<strong>Mais aujourd'hui la majorité pose encore problème, elle dit que le dialogue de la CENCO n’était pas inclusif… </strong>
Je pense qu’ils disaient que le dialogue n’était pas inclusif en voulant se faire porte-parole du MLC, vous avez suivi la réponse du MLC, il a été clair, il ne les avait jamais chargé de parler pour lui… et dans quelques jours ils vont revenir à la raison. Ils doivent voir la république plutôt que leurs propres intérêts
<strong>Le Rassemblement que vous intégrez a aujourd'hui du mal à se choisir un candidat premier ministre conformément à l’Accord du 31 décembre, est-ce le début des guéguerres ? </strong>
Ça ne manque jamais. Ce sont des négociations qui se font, il y a des tractations qui se font, c’est tout à fait normal. D’ailleurs c’est lié à la nature du congolais, je pense qu’ils vont aplanir leurs divergences et vont trouver la solution
<strong>Entre-temps la session extraordinaire se clôture le 15 janvier, ne voyez-vous pas que tout risque d’être relancé en mars prochain ? </strong>
On n'aimerait pas que ça aille jusqu'au mois de mars, nous pouvons compter sur leur bonne foi, qu’ils comprennent qu’il faut accélérer les choses parce que le temps n’est plus avec nous, vraiment le temps ne pardonne pas celui qui fait sans lui. Il faut qu’il y ait ce sursaut du patriotisme, je fais foi aux cadres du Rassemblement, ils vont trouver une solution.
<strong>Interview réalisée par Patrick Maki</strong>
Photo ACTUALITE.CD (Pascal Mulegwa)