Steve Mbikayi : "les consultations de la CENCO ont moins de chance d'aboutir"

A 72 heures de l’expiration de l’échéance des 21 jours indiquée dans l’Accord de la cité de l’Union Africaine pour la mise en place du nouveau gouvernement, le président du parti travailliste et initiateur de la nouvelle classe politique et sociale, le député national Steve Mbikayi explique que les consultations menées par la CENCO ont peu de chances d’aboutir.

Au micro de ACTUALITE.CD, ce député national invite le chef de l’Etat Joseph Kabila à appliquer l’Accord en mettant en place la nouvelle équipe gouvernementale sans attendre les résultats des consultations de la CENCO.

<strong> </strong><strong>Les consultations de la CENCO se poursuivent entre temps l’échéance des 21 jours touche déjà à sa fin, apparemment les choses nous bougent toujours pas ?</strong>

Moi je pense que pour le courant nationaliste au dialogue, il faut seulement respecter les engagements pris par rapport aux 21 jours. Comme je l’ai dit il y a quatre jours dans mon compte Twitter, nous espérons que l’enjeu de la démarche initiée par la CENCO n’est pas de voir le délai de 21 jours passé pour rendre caduc notre accord. Nous exigeons le respect strict de cet accord pour n’est pas donner le mauvais message à l’opinion tant nationale qu’internationale. En ce qui concerne la médiation de la CENCO je crois qu’elle a moins de chances pour réussir pour plusieurs raisons. D’abord la CENCO dans cette affaire, elle n’est pas une église au milieu du village. Vous savez qu’elle a boycotté les travaux de la cité de l’Union Africaine. Par contre elle a été présente à la clôture du conclave du Rassemblement. Un conclave qui n’avait jamais été ouvert mais qui a été clôturé. Deuxièmement la CENCO veut mettre sur le même pied d’égalité les résolutions d’un conclave privé du Rassemblement avec l’Accord conclu dans un forum officiel parce que le forum de la cité de l’Union Africaine a été couvert d’abord par la résolution 2277 de l’ONU mais aussi par une ordonnance présidentielle. C’est vraiment une erreur pour la CENCO de vouloir croire qu’il y a un camp qui est avec l’Accord que la CENCO voudrait mettre sur le même pied d’égalité avec les résolutions d’un conclave qui n’a jamais été ouvert. C’est bien beau de continuer à discuter. Mais je crois que la mission de la CENCO, dès lors que les 21 jours seront atteints, pourrait laisser la place à la continuité des négociations directes qui seront menées par le nouveau gouvernement qui sera mis en place avec tant la CENCO ou d’autres forces politiques ou sociales qi n’ont pas été avec nous au Dialogue. Mais conditionner la structure de ce gouvernement par ces démarches de la CENCO ce serait tomber dans un piège qui rendrait illégitime notre Accord.

<strong>Mais le plus grand problème c’est le président de la République qui ne réagit pas jusque-là surtout qu’il est à la base de la démarche de la CENCO…</strong>

Je pense que la main tendue du président de la République c’est une bonne chose vu que nous avons besoin d’une large inclusivité. Quand nous avions rencontré la CENCO il avait dit qu’elle ferait tout pour rendre ses conclusions dans les 21 jours. Alors si les 21 jours arrivent et qu’elle n’a pas rendu ses conclusions, ce serait un échec. Il faudrait alors céder la mission au nouveau gouvernement qui sera mis en pied pour des négociations directes avec toutes les forces politiques ou sociales.

<strong>Si la mise en place du nouveau gouvernement est toujours suspendue en raison des démarches entreprises par la CENCO, ne pensez-vous pas que le président Kabila serait lui aussi en train de douter des résolutions sorties du Dialogue ?</strong>

Je ne pense pas que le président Kabila puisse douter des conclusions issues du Dialogue ou il a été valablement représenté par les forces politiques de la Majorité Présidentielle. Voir la démarche du Rassemblement, c’est un peu difficile que les démarches de la CENCO aboutissent. On ne peut pas aller dans un dialogue pour se dire qu’il faut chasser telle personne puis remplacer l’autre. Si on s’en tient à la décision de changer le président de la République sans passer par les urnes, c’est carrément de l’insurrection, c’est un coup d’état. On ne peut pas dans un dialogue, censé trouver un consensus, demander à l’autre partie de s’auto-éliminer pour qu’il soit remplacé. Cela est une façon de dire au non aux négociations. Mais si nous continuons à tourner autour de ça, je pense que nous allons nous éterniser. Il faut chercher à avancer sans oublier de continuer à tendre la main au Rassemblement sans pour autant bloquer toute la nation par rapport aux revendications d’un seul groupe d’intérêt.

<strong> </strong><strong>Pensez-vous qu’on peut avancer sans le Rassemblement ?</strong>

<strong> </strong>Vous savez, dans la vie d’une nation tout le monde est important. Il y a des gens plus importants que d’autre mais il y a personne qui est indispensable. Lors d’une interview que je vous avais accordée l’autres fois, j‘avais bien dit que une personne importante comme Nelson Mandela est morte mais l’Afrique du sud continue à vivre. Même seigneur Jésus-Christ est parti mais le monde continue, c’est pour dire que tout le monde est important mais personne n’est indispensable. Le vœu c’est bien sûr de faire un large consensus mais cela ne doit pas bloquer toute la machine en attendant de répondre aux revendications d’un seul groupe.

<strong>Cela n’est pas une façon pour l’Opposition ayant pris part au Dialogue de mettre la pression au président Kabila afin d’aller plus vite ?</strong>

<strong> </strong>Ce n’est une pression, c’est plutôt un rappel. Moi je sais que le président de la République a l’habitude de respecter les engagements pris. N’en déplaise à ceux qui pensent que c’est faux. Parce que j’ai toujours pris l’exemple de l’accord qu’il a conclu avec le PALU, il l’avait respecté à 100% en 2006.

<strong>Et au cas où l’échéance des 21 jours, à compter à partir du 24 octobre, n’est pas respecté, quelle sera votre réaction ?</strong>

Je ne peux pas penser à cela tant qu’elle n’a pas encore expiré. Le chef à donner sa parole qui avait promis de compter à partir du jour où il a reçu l’accord…

<strong>Mais il ne reste plus que 3 jours jusque-là pour la mise en place du gouvernement…</strong>

A ce que je sache, c’est la parole du chef de l’Etat. C’est une parole qui a une force de loi. Je ne vois pas comment il pourrait se contredire, j’ai encore confiance que quelque chose sera faite, à moins qu’il puisse justifier autrement parce que la politique est dynamique. Mais cela sera très fâcheux non seulement pour cet accord mais aussi pour des accords à venir.

<strong>Le fait que le président a confié à la CENCO la mission des bons offices, cela n’est pas une remise en cause des conclusions issues du Dialogue ?</strong>

Non, ça serait une remise en cause si le président avait signé une autre ordonnance convoquant un nouveau dialogue. Ce serait une remise en cause si l’Union Africaine désignait un nouveau facilitateur, mais tant que ce n’est pas fait comme cela, je crois que la démarche consiste à prendre en témoin l’opinion tant nationale qu’internationale en ce qui concerne l’inclusivité.

<strong>Que pensez-vous de la déclaration faite par Etiènne Tshikedi, dans un magazine anglais The Guardian, disant que si Kabila ne quitte pas le pouvoir ce 19 décembre, il y aurait une guerre civile ?</strong>

J’ai apprécié des réactions qui ont été faites contre ces paroles d’Etienne Thisekedi. Mais je peux dire que ce sont des déclarations propres aux gens du Rassemblement et de la Dynamique. Rappelez-vous qu’il y a un autre qui avait dit que Kabila, pour glisser, il doit marcher sur nos cadavres. Ce sont des déclarations qui ne sont pas les bienvenues dans la courant nationaliste que nous représentons. Nous restons cohérents. Si vous prenez mes déclarations d’il y a un an, deux ans, ou trois ans, vous remarquerez que nous ne sommes pas du genre à   nous précipiter avec des menaces pour enfin ne rien faire. Donc nous conseillons aux autres d’arrêter de monter des enchères comme ils le font.

Interview réalisée Par Stanys Bujakera

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