La réintégration d’Aimé Boji Sangara Bamanyirwe — ancien ministre d’État, ministre de l’Industrie et député élu de Walungu (Sud-Kivu) — au sein de l’Assemblée nationale, en vue de briguer la présidence de la chambre basse du Parlement, suscite des réserves au sein de la majorité. Plusieurs élus dénoncent la démarche et appellent à un vote libre et transparent.
Au lendemain de la plénière consacrée à sa réintégration, un groupe de députés nationaux a dénoncé une violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, estimant que l’on cherche à imposer l’élu de Walungu à la tête de cette institution stratégique. Parmi eux, le député Willy Mishiki Buhini, qui digère mal que celui qui doit diriger la chambre basse provienne du gouvernement.
" La question qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est la responsabilité, le prestige de la chambre basse qui est la deuxième institution du pays. Il est inadmissible que nous puissions violer le règlement intérieur de notre chambre juste pour attendre un candidat venant du gouvernement donc 500 candidats, 500 députés nationaux, il n'y avait personne pour être candidat ? Il fallait violer le règlement intérieur pour attendre Boji Aimé puisque le règlement intérieur est clair lorsqu'il y a un processus de destitution du président du bureau de l'Assemblée nationale, le processus continue jusqu'à l'élection du nouveau président mais on a suspendu la procédure pour attendre que le collègue Boji Aimé démissionne du gouvernement ", a fait savoir ce mercredi le député national Willy Mishiki.
Pour l’élu de Walikale (Nord-Kivu), vouloir imposer Aimé Boji à la tête de l’Assemblée nationale risquerait de fragiliser la cohésion nationale et d’accentuer les divisions au sein de la famille politique du président Félix Tshisekedi.
" Il est quand même humiliant aujourd'hui de voir que nous sommes à l'union sacrée, nous avons tous prêté serment de fidélité et loyauté au Chef de l'État mais on constate qu'il y a des mots d'ordre qui tombent par ici et par là alors que la constitution est claire le mandat du député national est non impératif c'est-à-dire que le député national n'est pas un garçon ou une fille de course de qui que ce soit, nous constatons aujourd'hui que le collègue privilégie la politique au dessus de la loi, c'est ça qui nous révolte et créé des frustrations qui risquent aujourd'hui même de remettre en cause la cohésion nationale face à l'agression rwandaise:il y a deux hypothèses soit c'est le jeu de l'agresseur qui veut nous pénétrer, si Boji est élu aujourd'hui, l'union sacrée va s'en voler dans la nature, il y aura en tout cas dislocation de l'Union sacrée soit c'est la stratégie du gouvernement pour éviter le contrôle parlementaire en mettant un de leurs à la tête de notre chambre ", a dénoncé Willy Mishiki
Dans le même registre, l’ancien vice-ministre de l’Énergie appelle à respecter le règlement intérieur et à laisser les élus choisir librement le prochain président de l’Assemblée nationale.
" Il n'est pas question aujourd'hui d'accepter ou d'avoir une candidature unique, nous demandons qu'on laisse les députés nationaux s'exprimer librement, que notre règlement intérieur soit respecté puisque personne à l'Assemblée nationale n'a été élu sur une liste de l'Union sacrée, l'Union sacrée n'a aucun député, l'Union sacrée n'a même pas des statuts notariés, l'Union n'a jamais été agréée comme plateforme politique donc l'Union sacrée ne peut pas s'ingérer dans l'élection du président de l'Assemblée nationale, ce sont plutôt les partis, regroupements politiques ayant participé aux élections, ayant obtenu des élus qu'ils peuvent se concerter en toute liberté pour faire un ticket commun, toute démarche contraire à celle-là, à celle qui respecte le règlement intérieur, la Constitution et les lois du pays sera combattue par les députés nationaux que nous sommes ", a prévenu l'élu de Walikale.
À la suite de la démission de Vital Kamerhe, l’Assemblée nationale se prépare à élire dans les prochains jours son nouveau président. Le poste de rapporteur adjoint resté vacant, quant à lui, reviendra à l’opposition parlementaire.
Pendant ce temps, alors que les jours s’égrènent, la session budgétaire de septembre tourne au ralenti, grignotant le temps qui aurait pu être consacré à des matières essentielles liées à la vie nationale.
Clément MUAMBA