RDC : le plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à 11%, alerte Bintou Keita qui appelle la communauté internationale à agir "sans délai"

Des déplacés du territoire de Rutshuru. Ph. ACTUALITE.CD/Moses Sawasawa
Des déplacés du territoire de Rutshuru. Ph. ACTUALITE.CD/Moses Sawasawa

Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo (RDC) est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe cruciale vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.

Intervenant vendredi 27 juin 2025 au Conseil de Sécurité, Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO a révélé qu'à ce jour seulement 11% de ce montant a été mobilisé. Occasion pour la représentante du SG de l'ONU en RDC d'interpeller la communauté internationale sur la nécessité d'appuyer ce plan en vue de soulager la situation humanitaire en République Démocratique du Congo.

"La crise sécuritaire dans l’est du pays a aggravé la situation humanitaire à laquelle nous ne disposons pas de moyens suffisants pour répondre. La suspension des financements du principal bailleur, qui couvraient 70 pour cent de la réponse humanitaire en 2024, oblige les acteurs humanitaires à se recentrer uniquement sur les urgences vitales. Nous sommes à la fin juin, et le plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à 11 pourcent. Face à la dégradation de la situation humanitaire et à la réduction drastique des financements, j’appelle la communauté internationale à agir sans délai. Il faut garantir les ressources dont dépendent des millions de vies", a plaidé Bintou Keita, cheffe de la Monusco dans son discours.

Selon Bintou Keita, la situation humanitaire en République démocratique du Congo est intenable d'où l'urgence pour la Communauté internationale d'agir pour soulager les souffrances de la population.

"À travers le pays, 27,8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, et près de 1,4 million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. Environ 7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, souvent à plusieurs reprises, principalement en raison de la violence. L’insécurité, la fermeture des aéroports de Goma et Kavumu et le blocage des principales routes entravent gravement l’acheminement de l’aide. Douze travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début de l’année", a fait savoir Bintou Keita, cheffe de la Monusco.

Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.

Cette interpellation de Bintou Keita intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.

Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.

Clément MUAMBA