Le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et commandant de l’armée ougandaise (UPDF), est arrivé à Kinshasa dans le cadre de l’évaluation de l’opération militaire conjointe Shujaa, ont indiqué à ACTUALITE.CD des sources militaires.
Lancée le 30 novembre 2021, l’opération Shujaa est une initiative militaire conjointe entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces de défense du peuple ougandais (UPDF). Elle vise à neutraliser les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle accusé de massacres de civils dans l’est de la RDC et d’attentats terroristes en Ouganda.
Depuis son lancement, plusieurs bastions des ADF ont été démantelés, notamment dans les territoires de Beni et d’Irumu. En septembre 2024, une opération conjointe a permis de détruire une base importante des ADF entre les villages de 47 et Kota-Okola, près de Mamove. En mai 2024, les FARDC et l’UPDF ont réaffirmé leur engagement lors d’une évaluation conjointe, soulignant les succès partiels de l’opération dans la lutte contre les groupes terroristes.
Cependant, malgré ces avancées, des défis persistent. Selon le Groupe d’Étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, dans un rapport publié en 2022, les résultats de l’opération restent "mitigés". Ces organisations soulignent que les objectifs initiaux, notamment la neutralisation totale des ADF, n’ont pas été atteints. Des contraintes logistiques et une coordination parfois défaillante entre les deux armées ont limité l’efficacité des opérations sur le terrain.
Muhoozi Kainerugaba est également connu à Kinshasa pour ses prises de position sur les réseaux sociaux. Le 9 janvier 2024, lors d’un briefing presse, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait dénoncé des déclarations « inconsidérées » du général ougandais, tout en rappelant les « bonnes et amicales relations » entre les deux pays depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la présidence.
« Nous avons été très clairs avec nos homologues ougandais sur le caractère inacceptable de ces déclarations », avait-elle affirmé, précisant que Kinshasa attendait des « clarifications officielles et publiques » de la part du gouvernement ougandais.
Le 18 décembre 2024, la ministre avait convoqué le chargé d’affaires de l’Ouganda en RDC, Matata Twaha, pour exiger des explications sur les propos récents de Muhoozi Kainerugaba, notamment une mise en garde contre des mercenaires blancs opérant aux côtés des FARDC.
Son nom a également été cité dans le cadre du procès devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, concernant Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et 24 autres prévenus, poursuivis puis condamnés pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison. Éric Nkuba, cofondateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), avait déclaré que le général Muhoozi Kainerugaba avait hébergé des membres de l’AFC lors de leurs séjours en Ouganda : « C’est lui qui nous fournissait le lieu d’hébergement », avait-il affirmé.