Joseph Kabila à Goma : "Il est hors de question de se laisser distraire pour prêter le flanc à ceux qui ont un rôle secondaire à l'ennemi, le Rwanda" (Muyaya)

Joseph Kabila
Joseph Kabila

Alors qu'il s'est dit prêt à jouer sa partition dans la recherche des solutions à la crise sécuritaire en cours, l'arrivée de l'ancien Chef de l'État, Joseph Kabila à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu sous contrôle de la rébellion du M23/AFC soutenue par le Rwanda, est considérée par Kinshasa comme une manière de vouloir "congoliser" une crise qui a des origines externes. 

Selon le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, Kabila semble jouer un rôle secondaire à l'agression rwandaise, étant donné que l'ennemi de la République Démocratique du Congo est le Rwanda. 

"Nous  nous sommes depuis deux ans engagés dans un front contre le Front Rwanda, nous sommes actuellement en train de discuter notamment à Washington DC pour trouver des solutions. Il est hors de question de penser qu'on peut nous nous laisser distraire pour prêter le flanc à ceux qui ont un rôle secondaire au Rwanda. On n'a pas ici besoin de vouloir congoliser un problème qui est d'origine extérieure. L'attention, nous l'accordons plutôt à ce niveau là pour que nous ne puissions pas nous perdre", a déclaré Patrick Muyaya lors d'un briefing de presse ce mardi 27 mai 2025.

M. Muyaya estime par ailleurs que, le récent discours de Joseph Kabila à la nation transmet le message de guerre. "Vous venez dire que vous allez mettre fin à la tyrannie, vous y mettrez fin de quelle manière ?", s'est interrogé le porte parle du gouvernement. 

"Il faut dire aux compatriotes qui sont à Goma ou dans les autres parties sous occupation, le message qui leur est destiné c'était apprêtez-vous on va faire la guerre, il ne faut pas se cacher", a-t-il souligné. 

Après une longue période de silence, l'ancien Chef de l'État Joseph Kabila s'est exprimé sur la gestion du pays depuis la dernière alternance pacifique entre lui et Félix-Tshisekedi. Dans son analyse de la situation, Joseph Kabila a dressé un tableau sombre et chaotique de la situation sociopolitique, économique et sécuritaire en RDC.

Joseph Kabila a dénoncé ce qu’il qualifie de « gouvernance non orthodoxe » sous le régime de son successeur, Félix Tshisekedi. Parmi les problèmes évoqués figurent la corruption, le détournement des deniers publics, et une dérive autoritaire où « la volonté du Chef de l’État tient désormais lieu de loi suprême, supplantant la Constitution et les lois ».

À l'en croire, les conséquences de cette gouvernance sont dramatiques sur la population et la jeunesse : chômage, arriérés de salaires, baisse du niveau de vie, exode rural, criminalité urbaine, famine, etc. Abordant l'aspect sécuritaire, Joseph Kabila a déploré la montée de l’insécurité dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Mai-Ndombe, qu’il attribue à une « mauvaise gouvernance ». Face à ce qu’il décrit comme une crise « profonde et multidimensionnelle », Joseph Kabila propose un « pacte citoyen » articulé autour de douze points clés. Selon Joseph Kabila, ce pacte a pour objectif de restaurer la stabilité, la démocratie et le développement en RDC.

Clément MUAMBA