Le DeskFemme s’est entretenu avec Mavinga Makila Marie Christelle, jeune entrepreneure congolaise et fondatrice de la bouillie MAISHA. Etudiante de 21 ans, elle s’inscrit dans une dynamique portée par des femmes investies dans les enjeux de santé publique et de développement au sein du pays. Dans cet entretien, elle revient sur son parcours, les origines de son projet, et sa vision pour une alimentation saine, accessible et enracinée dans le terroir congolais.
Madame, pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours avant le lancement de la marque Maisha ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Je suis étudiante en deuxième année de communication sociale à l’Université Catholique du Congo. Mon parcours entrepreneurial a commencé en sixième des humanités, où je me suis lancée dans la création d’accessoires de mode et de décoration pour promouvoir la culture et les valeurs africaines à travers ma première marque, CHRISMA. En 2025, j’ai lancé la bouillie MAISHA pour lutter contre la malnutrition et valoriser le « made in Congo ».
Qu’est-ce qui vous a motivée, à vous lancer dans l’agroalimentaire jusqu’à la création de la bouillie Maisha ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Mon histoire personnelle en est à l’origine. En 2004, bébé, je ne pouvais ni être allaitée ni consommer du lait artificiel, car je faisais de graves réactions allergiques. Ma mère, infirmière formée en nutrition, m’a sauvée en me nourrissant avec un mélange de lait de soja et de kikalakasa (pois carré africain). C’est ce qui m’a permis de survivre. Aujourd’hui, avec MAISHA, je veux permettre à d’autres enfants de s’en sortir comme moi.
Quel message ou quelle vision souhaitez-vous transmettre à travers cette marque ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Je veux avant tout promouvoir l’entrepreneuriat local. Beaucoup de gens préfèrent consommer des produits importés, alors que nous avons ici à Kinshasa des aliments bien plus nutritifs. Maisha est aussi une invitation à faire confiance à notre terroir et à investir dans nos propres ressources.
Pouvez-vous nous décrire la composition exacte de votre bouillie et ce qui la rend différente des autres produits similaires sur le marché ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : La bouillie MAISHA est enrichie en maïs, soja et kikalakasa. Elle est pensée pour combler les carences nutritionnelles fréquentes. La malnutrition a des conséquences graves sur la santé physique et mentale. Ce produit vise à fournir une nutrition complète et équilibrée, accessible à toutes les couches de la population.
Vous mentionnez l’utilisation d’une plante appelée Kikalakasa. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette plante et ses bienfaits ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Le kikalakasa, aussi appelé pois carré africain, est une plante extrêmement riche. Elle contient des protéines végétales et animales, tous les acides aminés essentiels, et possède des propriétés antioxydantes, antipaludiques, anti-fatigue et digestives. C’est un aliment-médicament sous-estimé en RDC.
À qui s’adresse principalement votre produit ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Elle s’adresse à tout le monde : nourrissons, enfants, femmes enceintes, personnes âgées… bref, à toute la population. C’est un aliment intergénérationnel qui peut accompagner chaque étape de la vie.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées lors du lancement de votre activité ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : La principale difficulté a été de convaincre les gens, surtout à cause de la méconnaissance du kikalakasa. Pour beaucoup, c’est une première. Certains restent réticents, mais d’autres, bien informés sur ses bienfaits, adhèrent rapidement.
Comment gérez-vous la production, la distribution et la promotion de votre produit ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Je travaille avec ma mère, mes frères et sœurs pour la production. Je m’organise pour la distribution en dehors de mes heures de cours. Quant à la promotion, je bénéficie du bouche-à-oreille : les clients satisfaits parlent du produit autour d’eux.
Quels sont vos projets ou ambitions pour l’avenir de Maisha ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Je souhaite développer des terrains pour cultiver le kikalakasa, qui est une plante en voie de disparition. Je rêve aussi de posséder mon propre moulin pour faciliter la production. Mon ambition est d’ouvrir la première usine de fabrication de bouillie à base de plantes médicinales en RDC.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme qui souhaite, comme vous, se lancer dans l'entrepreneuriat en Afrique ?
Mavinga Makila Marie-Christelle : Je lui dirais de croire en elle, en son potentiel, en sa vision. De valoriser ce qu’elle a, de continuer à apprendre, peu importe le domaine. La persévérance est la clé.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka