Le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, dit avoir vu dans le discours de Joseph Kabila, vendredi dernier, les velléités d'un ancien chef de l’État désireux de revenir au pouvoir, à tout prix. L'opposant, qui intervenait sur le plateau de la chaîne de télévision France 24, a refusé cette attitude de considérer le pays comme un bien privé.
« Monsieur Kabila a, en fait, choisi son successeur. Et, aujourd'hui, il revient, distant j'avais fait une passation pacifique du pouvoir, maintenant je veux le reprendre. Et quand vous lisez son discours, vous voyez très qu'il est prêt à faire un sacrifice suprême pour reprendre le pouvoir », a déclaré le gynécologue.
Et d'ajouter :
« Il devrait d'abord présenter ses excuses aux Congolais, parce que ce qui s'était passé n'est pas normal. Le peuple vote et vous, vous décidez de faire un deal. Et il devrait également expliquer aux Congolais le contenu de l'accord qu'il avait conclu avec Félix ».
Dans son discours, Joseph Kabila avait déclaré : Militaire, j’ai juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême. Hier au pouvoir, aujourd’hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment. En ce moment où le pays est de nouveau divisé, appelé par le destin, j’ai le devoir d’œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction de notre pays qui se meurt.
Dénonçant le bilan de son successeur sur presque tous les secteurs, Kabila avait fait une proposition qui, à l'en croire, engage la nation toute entière à un sursaut patriotique pour un pacte citoyen, afin de tirer le pays du gouffre. Il se propose comme celui qui va notamment mettre fin à la dictature, mieux, à la tyrannie ; arrêter la guerre ; rétablir l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national ; restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d’un véritable État de droit ; rétablir les libertés fondamentales ; réconcilier les congolais et reconstruire la cohésion nationale ; relancer le développement du pays par la mise en place d’une bonne gouvernance économique, d’une gestion administrative et financière orthodoxe, et d'une répartition équitable des ressources nationales; relancer le dialogue sincère et permanent avec tous les pays voisins en vue de l’instauration de la paix et du développement durables dans la région ; rétablir la crédibilité du pays auprès des partenaires, aux niveaux tant régional, continental qu’international ; neutraliser tous les groupes armés nationaux et étrangers, et, rapatrier ces derniers dans leurs pays d’origine.
Samyr LUKOMBO