Devant les professionnels des médias, la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a fait le point du front diplomatique depuis la résurgence de la rébellion du M23 soutenue par l'armée rwandaise dans l'Est de la RDC.
À la question de savoir pourquoi l'exécution de la résolution du conseil de sécurité de l'ONU de 2012 contre le M23 (2076) n'avait pas tardé à être exécutée immédiatement que celle prise en 2025 (2773) ? La cheffe de la diplomatie congolaise, consciente de cette situation, révèle que les contextes ne sont pas les mêmes avec un Rwanda devenu plus belliqueux qu'il y a plus de dix ans.
"Je trouve qu'en RDC, on s'en rend toujours compte, il y a beaucoup de parallèles mais l'histoire ne se répète jamais à 100% de la même manière et donc on doit toujours garder cette flexibilité là aussi d'essayer de comprendre pourquoi certaines choses se passent de la même manière et d'autres pas nécessairement. Je pense que nous sommes dans un contexte beaucoup plus complexe que ce n'était le cas en 2012 avec les enjeux beaucoup plus explicites et on doit le dire très clairement une posture du Rwanda aussi beaucoup plus belliqueuse que ce n'était le cas en 2012. Quand vous comparez justement l'envergure de la violence, l'envergure de l'agression militaire, l'envergure de déplacement, nous sommes dans un scénario similaire mais loin de dire que nous sommes dans le même scénario " a expliqué Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, coopération internationale et francophonie samedi 22 mars 2025.
Et de poursuivre :
" On doit accepter quand-même que le contexte a changé, que la posture des uns et des autres est devenue, disons le, plus robuste, ce qui veut dire évidemment que s'il y a une grande agressivité, il y a aussi une plus grande résistance justement à respecter les injonctions du Conseil de sécurité mais encore une fois je suis aussi très contente du fait que nous ayons un instrument beaucoup plus robuste que ce n'était le cas en 2012 et nous avons une mobilisation aussi qui continue en crescendo. Nous avons des prises de paroles beaucoup plus fermes, nous avons les sanctions qui se sont matérialisées et certes, on a l'impression qu'elles n'ont pas des répercussions parce que peut-être la communication des uns est un peu plus stratégique et peaufinée pour nous faire croire que ce qui est fait tout d'abord est occidentale et que ça n'a pas d'impact ".
Pour Thérèse Kayikwamba Wagner, la résolution du conseil de sécurité de l'ONU n'a pas anéanti les efforts régionaux en cours pour le rétablissement de la paix dans l'Est de la RDC. À l'en croire, ils viennent les renforcer davantage.
"Je suis tout à fait d'accord avec vous, il faut continuer à être curieux et mieux comprendre pourquoi il y a une telle résistance et nous faisons aussi notre travail pédagogique d'expliquer aux uns et autres que la résolution du Conseil de sécurité ne remet pas du tout en question les décisions qui ont été prises au niveau de la région où de la sous région, elle vient pour les renforcer avec plus de clarté, elle vient pour les renforcer de manière plus explicite. Là où les uns disent les forces armées non invitées, le Conseil de sécurité le dit clairement le Rwanda mais ce n'est pas une contradiction, c'est reprendre le langage de la sous région et le rendre plus explicite et nous permettre nous tous à travers un diagnostic franc et clair de prendre les actions mais aussi d'être toujours responsable, si nous ne tenons pas les actions, si nous n'executons pas les actions qui sont attendues de notre part ", a indiqué la Cheffe de la diplomatie congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner.
Sans citer ou condamner le Rwanda, la résolution 2076 du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée à l'unanimité le 20 novembre 2012. Le Conseil de sécurité a exigé le retrait immédiat du groupe armé connu sous le nom de Mouvement du 23 mars (M23) de la grande ville congolaise de Goma et la cessation de toute nouvelle avancée, appelant à une clarification des rapports sur le soutien externe fourni au groupe et se déclarant prêt à agir sur la base des informations reçues. Cette résolution a été exécutée le plus vite possible en contraignant le M23 à quitter directement la ville de Goma chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Lors de sa 9 865e réunion tenue vendredi 21 février 2025 à New-York aux États-Unis d'Amérique, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a adopté à l'unanimité une résolution sur la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Depuis février, cette résolution n'est pas toujours d'application.
Portée par la France, la résolution 2773 appelle les rebelles du M23 à cesser immédiatement leur offensive dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et demande aux forces rwandaises de cesser leur soutien au groupe armé et de se retirer du pays. La même résolution qui ordonne la cessation des hostilités, encourage le retour du dialogue dans le cadre des initiatives diplomatiques régionales, jusqu'à ce jour, son exécution pose problème.
Clément MUAMBA