RDC: Un rapport de MSF retrace les années de violences armées en Ituri et des conséquences de traumatismes psychologiques sur des milliers de déplacés

Des retournés à Sake frappés par l'épidémie de choléra
Des retournés à Sake frappés par l'épidémie de choléra

Depuis fin 2017, la province de l’Ituri est de nouveau secouée par des violences à caractère communautaire notamment dans le territoire de Djugu depuis la naissance du groupe armé CODECO. Près de 10 ans après, cet activisme armé a eu des conséquences incalculables principalement dans le territoire de Djugu, considéré comme bastion de violences. L’organisation médicale d’urgence, Médecins sans frontières (MSF) a rendu public ce mardi 25 mars, un rapport sur les violences armées qui déchirent la province de l’Ituri depuis des années et ses conséquences énormes notamment sur des infrastructures sanitaires et des milliers de déplacés dont certains font face à de graves traumatismes psychologiques. D’autres territoires comme Mahagi, Irumu et Mambasa sont aussi touchés dès 2018 par les violences en raison de la naissance d’autres factions et milices qui prétendent tous se battre pour défendre leurs communautés. 

Le rapport intitulé « Risquer sa vie pour survivre » rapporte une situation de violences dont les victimes directes sont les populations civiles, avec par exemple 1 491 morts et 422 blessé·e·s entre décembre 2022 et novembre 2023. Dans ce contexte d’attaques ciblées, MSF prend en charge les victimes de violences, notamment à Bunia.

« Les capacités de prise en charge chirurgicale des blessé·e·s sont limitées dans la province de l’Ituri. Par conséquent, depuis juin 2023, MSF apporte son soutien à la clinique Salama à Bunia pour la prise en charge chirurgicale traumatologique, notamment des personnes blessées dans le cadre de violences liées aux conflits armés dans la province. Des civils blessés par des porteurs d’armes sont régulièrement transférés vers Bunia depuis les différentes zones de santé de l’Ituri », dit le rapport.

Selon le rapport, depuis 2018, le nombre de personnes déplacées en Ituri a plus que doublé, passant de 571 000 personnes en 2018 à 1,36 million de personnes fin 2024, soit environ 18% de la population de la province de l’Ituri. La vulnérabilité de ces déplacés s'accroît de plus en plus à la suite de la nature prolongée de violences.  

Traumatismes psychologiques

Pour la plupart, les victimes présentent des symptômes de traumatismes psychologiques en raison de l’ampleur de violences.

« Les troubles émotionnels ou les troubles anxieux, s’ils ne sont pas traités, peuvent se développer en stress post-traumatique. Ces séquelles psychologiques sont d’autant plus importantes que les patients ayant vécu un événement traumatique particulier ont tous vécu d’autres chocs par le passé : ils ont perdu des membres de leur famille, ont été déplacés une ou plusieurs fois, ont perdu leurs biens et vivent dans une situation d’insécurité permanente, en étant toujours sur le qui-vive, depuis des années », indique le rapport qui met l’accent sur la prise en charge de psychosocial des victimes.

MSF dit avoir enregistré MSF une hausse des troubles anxieux, en particulier du stress post-traumatique, dans la suite immédiate d’attaques violentes contre les civils. C’est le cas de l’attaque de la localité de Drodro le 6 mars 2024 et la fuite de la population civile vers le site de déplacé·e·s de Rho où les psychologues de MSF ont diagnostiqué un nombre important de personnes présentant un stress post-traumatique.

Dans la zone de santé de Drodro, le rapport souligne que 63% de troubles psychologiques diagnostiqués sont causés par l’exposition directe ou indirecte aux violences, ainsi que les violences sexuelles subies.