RDC: Reprise timide des cours à Lubero-centre un mois après la suspension à cause de l’offensive des rebelles du M23

Les élèves dans une salle de classe à Beni
Les élèves dans une salle de classe à Beni

Les cours ont timidement repris ce lundi 17 mars à Lubero-centre (Nord-Kivu) après plusieurs semaines de suspension à la suite de l’avancée des rebelles du M23 qui s’affrontaient avec les l’armée congolaise et ses alliés wazalendo. Même si les établissements scolaires ont ouvert, la fréquentation normale n’est pas encore retrouvée.

À l’École primaire (EP) Lubero, par exemple, sur un total de plus de 1.400 écoliers, seulement 199 ont répondu présents, soit 13 % des effectifs.

« Depuis la première jusqu’à la 6ᵉ année, nous avons seulement 26 élèves : 12 filles et 14 garçons... Là où j’avais plusieurs élèves, les autres ne sont pas encore là, peut-être qu’ils vont emboîter les pas des autres progressivement. Les effectifs de cette année sont moins nombreux. Au début de l’année scolaire, j’avais 58 écoliers, mais aujourd’hui, j’ai moins de 30 écoliers. D’autres enfants sont encore dans des lieux de refuge comme Kirumba, Kitsombiro, Bingi, Kavisa, … Que les parents amènent les enfants, nous sommes en train d’étudier », confie Kahindo Sivulyamwenge Ephrasie, enseignante à l'École primaire Lubero.

L’école primaire Migheri a accueilli une cinquantaine d’apprenants ce lundi, et à l’École primaire Ufahamu, seulement une trentaine d’écoliers ont fait le déplacement. La situation n’est pas différente dans les établissements secondaires où, malgré la présence de certains enseignants, les élèves étaient presque absents.

« Nous avons été instruits de reprendre les activités. Depuis le 14 mars, nous étions dans les préparatifs de cette reprise. Nous avons convoqué les enseignants en réunion pour les sensibiliser. Dimanche, nous avons tenu une assemblée extraordinaire avec les parents. Nous leur avons expliqué la nécessité de la reprise des activités scolaires, car les enfants ont droit à l’éducation. La sécurité est assurée, et le calendrier scolaire national doit être respecté, notamment pour les élèves finalistes. L’effectif n’est pas comme celui de l’année passée. Dans cette classe, il y avait environ 60 écoliers, mais aujourd’hui, nous en avons 44. C’est à cause de la guerre. Les enfants sont encore dans des brousses. Je souhaiterais que les parents puissent amener les enfants », a fait savoir à ACTUALITÉ.CD Justin Myeha, proviseur à l’Institut Ufahamu, une école conventionnée protestante de la 8e CEPAC.

Cette reprise scolaire intervient après une fermeture de près d’un mois des écoles de Lubero-centre en raison de l’insécurité générée par les affrontements entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23. Ces derniers mois, les civils ont été victimes des violences et des pillages qui ont poussé des milliers de personnes à fuir leurs foyers, laissant derrière des écoles désertées et des infrastructures endommagées.

Bien qu'une accalmie relative ait été observée ces derniers jours, la situation reste fragile. Le colonel Kiwewa, administrateur du territoire de Lubero, lors d’une inspection effectuée le 14 mars, a souligné que la sécurité dans le centre du territoire et ses environs semblait maîtrisée. Ce qui a permis l’appel à la reprise des cours. Toutefois, la réalité sur le terrain montre que les parents et les élèves sont encore réticents à reprendre le chemin de l’école.

Dans ce contexte difficile, l’administrateur militaire a lancé un appel la semaine dernière aux parents pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école, soulignant que la situation sécuritaire s’était stabilisée et que les enseignants devaient reprendre leurs postes pour assurer un suivi pédagogique continu.

« L’école est apolitique, et nous devons nous forcer pour sauver la vie de ces enfants. La sécurité est désormais maîtrisée », a insisté le colonel Kiwewa Mitela Alain, appelant également les autorités éducatives à renforcer leur présence dans les écoles pour favoriser un retour progressif des activités scolaires.

A la suite de ces appels, des établissements comme ceux de Kimbulu, Musienene et Muhangi ont déjà commencé à rouvrir leurs portes, bien que des défis logistiques persistent. La réhabilitation des infrastructures scolaires et la prise en charge des besoins médicaux demeurent des priorités pour les autorités et les organisations humanitaires présentes dans la région. Mais dans des localités comme Kitsombiro, occupée par le M23, le retour progressif des habitants n’a pas encore permis la reprise des activités scolaires. À Kaseghe, la situation est similaire, les écoles restent fermées à cause de l’insécurité.

Les autorités locales et les organisations humanitaires s’inquiètent cependant de la persistance des déplacements forcés dans les zones périphériques du territoire de Lubero, où des violences ciblées continuent d’affecter les civils. Selon un rapport de l'UNICEF, près de 50.000 enfants ont été privés de l’éducation dans le Lubero depuis le début des conflits, une situation qui risque d’aggraver la crise éducative et d’aboutir à une année scolaire blanche si rien n’est fait rapidement.

Josué Mutanava, à Goma