M23/Nord-Kivu: après avoir rencontré une résistance à Katondi, les rebelles détournent par Kipese pour "faire sauter les barrages sur l'axe Kitsombiro-Lubero" (Observateurs)

Les rebelles du M23 sont signalés depuis le soir de ce jeudi 20 février à Kipese, localité située à 15 Km de Kitsombiro, à l'est de la nationale numéro 2. Selon les sources d'ACTUALITE.CD, après avoir conquis Kitsombiro mardi, les rebelles soutenus par l'armée Rwandaise ont tenté de progresser vers Lubero-centre, 30 Km au Nord, avant de rencontrer une résistance des militaires congolais à Katondi à 5 Km, et qui les ont repoussés jusqu'à Kitsombiro. 

Face à cette difficulté, les rebelles n'ont pas relancé les combats sur la nationale numéro 2. Les habitants les ont plutôt surpris le matin de ce jeudi à Kasima, sur l'axe Katondi-Kipese. De là, ils ont progressé sans combat jusqu'à signer leur entrée dans cette agglomération de plus de 50 000 habitants le soir de ce jeudi. 

"Nos compatriotes sont entre les mains de l'ennemi. Ils étaient déjà dans le parage depuis 16 heures. Mais ils ont attendu le soir pour signer leur entrée", regrette un notable de Kipese.

Kipese, un axe stratégique

Située sur les hautes terres de Lubero, la localité de Kipese, fief de Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, est un carrefour qui offre l'accès sur plusieurs axes dépourvus des dispositifs de barrage.

D'après un fin connaisseur de la région qui a requis l'anonymat, l'axe Kipese est un détour stratégique qui offre aux rebelles la possibilité de contraindre les militaires congolais à décrocher et à lever plusieurs de leurs dispositifs sur l'axe Kitsombiro-Butembo.

"Kipese est stratégique pour eux. De Kipese, il y a un chemin de 15 Km qui descend sur Lubero-centre, sans passer par Katondi qui reste derrière à une vingtaine de Km. En empruntant cet axe, ils risquent de contraindre les militaires à décrocher. Mais il n'y a pas que cette possibilité. Soit, ils peuvent se méfier de ce raccourci et emprunter, soit l'axe Kipese-Masereka-Lukanga-Musienene, soit encore l'axe Kipese-Masereka-Lukanga-Masereka-Lukanga-Luotu pour facilement atteindre Butembo sans rencontrer une résistance. Certes, ce sont des détours mais qui leur offrent la possibilité de contourner les dispositifs sécuritaires importants sur l'axe Kitsombiro-Butembo, via Lubero-centre", prévient cet observateur, joint par ACTUALITE.CD. 

Aussi, en empruntant l'axe Kipese, les rebelles peuvent éviter les dispositifs de UPDF érigés depuis peu à Lubero-centre. 

"On ne peut plus espérer sauver Lubero lorsqu'on ne contrôle pas les montagnes de Kipese", s'inquiète un notable de Kipese, joint par ACTUALITE.CD.

Des villages désertés

Peu avant l'arrivée des rebelles, les habitants ont commencé à vider les villages sur l'axe Kipese. Un enseignant de Kipese que nous avons joint à 11 heures locales alors qu'il faisait ses valises a expliqué à ACTUALITE.CD qu'après la chute de Kitsombiro, plusieurs militaires ont replié sur l'axe Kipese, en crépitant des balles. Ce qui a fait paniquer les habitants qui ont commencé à vider les villages. Une tentative de pillage a même vécu ce jeudi à Kipese. Mais des indisciplinés ont croisé une résistance des Wazalendo qui se sont érigés en protecteurs des biens des populations. La situation demeure ainsi volatile sur le front de Lubero.

Claude Sengenya