L’Union européenne a convoqué ce jeudi l’ambassadeur du Rwanda auprès de l’UE en raison de l’intensification de l’offensive menée par les Forces de défense rwandaises (RDF) et la rébellion du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
Dans un communiqué, l’UE condamne fermement cette avancée militaire, la qualifiant de "violation du cessez-le-feu décidé sous les auspices du processus de Luanda" et d'"atteinte continue à l’intégrité territoriale de la RDC". Bruxelles exige le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais et l’arrêt du soutien au M23 et à tout autre groupe armé actif dans la région.
"L’UE exhorte le Rwanda et toutes les parties impliquées à cesser immédiatement les hostilités et à revenir à la table des négociations", ajoute le communiqué, tout en réaffirmant son soutien aux efforts africains visant une résolution pacifique du conflit.
Cette convocation survient alors que les États-Unis ont annoncé, ce jeudi, des sanctions contre le général rwandais à la retraite James Kabarebe, ministre d’État rwandais chargé de l’intégration régionale, ainsi que Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23. Tous deux sont désormais inscrits sur la liste noire de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) pour leur rôle dans les activités déstabilisatrices du M23 et des RDF en RDC.
"L’action d’aujourd’hui souligne notre intention de demander des comptes aux responsables et dirigeants clés comme Kabarebe et Kanyuka, qui permettent les activités déstabilisatrices des RDF et du M23 dans l’est de la RDC", a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du Trésor américain chargé du terrorisme et du renseignement financier.
Mercredi, lors d’une séance du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la crise en RDC, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Wagner, a exigé des sanctions contre le gouvernement rwandais et les officiers impliqués dans l’instabilité persistante dans l’est congolais.
"Le Conseil de sécurité doit imposer des sanctions ciblées, notamment des gels d’avoirs et des interdictions de voyager pour la structure de commandement des forces de défense rwandaises ainsi que pour les décideurs politiques responsables de cette agression, y compris ceux qui prétendent ne pas savoir où se trouvent leurs propres troupes", a-t-elle plaidé.
Les États-Unis se sont montrés favorables à ces sanctions, dénonçant les violations répétées du cessez-le-feu par le M23 et le Rwanda.
"Nous avons constamment vu le Rwanda et le M23 ignorer le cessez-le-feu et conquérir des territoires sous de faux prétextes. Nous avons vu le M23 semer le chaos contre les civils dans les zones de Masisi, Goma et Bukavu. Les États-Unis condamnent la prise de l’aéroport de Kavumu et de la ville de Bukavu par le M23 et les forces rwandaises. Nous demandons, une fois de plus, au M23 de mettre fin à son offensive et de se retirer des territoires qu’il contrôle", a déclaré la représentante américaine.
L’implication du général James Kabarebe dans la guerre du M23 avait déjà été mentionnée en juin 2023 dans un rapport du Groupe d’experts des Nations unies.
Selon ce rapport, basé sur des témoignages de deux agents de renseignement, un officier rwandais, trois chercheurs et plusieurs services de renseignement étrangers, les opérations militaires menées par le M23 au Nord-Kivu ont été "conçues et coordonnées" par Kabarebe, alors conseiller du président rwandais Paul Kagame en matière de défense et de sécurité.
Le rapport citait également plusieurs hauts gradés rwandais ayant œuvré de manière coordonnée pour la conquête de territoires en RDC, notamment les généraux Jean Bosco Kazura, Mubarakh Muganga, Franck Mugambage, Vincent Nyakarundi, Ruki Karusisi, Eric Murokore et le général de brigade Rugumyangabo Gacinya.
Alors que la pression internationale s’intensifie sur Kigali, la situation sur le terrain en RDC reste critique, avec de nouveaux combats signalés dans plusieurs zones du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.