Guerre du M23/RDF: Bruno Lemarquis déplore l’intensification des combats autour de Goma et demande aux parties en conflit d'assurer le passage "sans entrave" de l'aide humanitaire

Photo Actualite.cd
Une photo de la situation à Goma

Bruno Lemarquis, Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires en République Démocratique du Congo exprime sa profonde "inquiétude" face à l’intensification des combats en cours autour de la ville de Goma, et leur impact croissant sur les populations civiles. Plusieurs sites en périphérie de Goma, abritant plus de 300 000 déplacés, ont été complètement vidés en l’espace de quelques heures. Les acteurs humanitaires, dont le personnel essentiel aux opérations demeure présent à Goma, font tout leur possible pour répondre aux besoins des populations civiles les plus vulnérables, malgré une dégradation alarmante de la sécurité dans les sites de déplacés et certains quartiers de la ville.

"Au nom de la communauté humanitaire en République Démocratique du Congo, j’appelle toutes les parties au conflit à mettre un terme immédiat à l’escalade militaire. Cette violence exacerbe les souffrances des populations de l’Est de la RDC et aggrave les conditions déjà précaires des civils. Comme le Secrétaire général des Nations Unies l'a souligné le 23 janvier 2025, une désescalade urgente est indispensable. La proximité des combats dans des zones densément peuplées et l’utilisation d’artillerie lourde exposent les populations civiles à des risques intolérables. Les capacités d’urgence des hôpitaux de Goma sont submergées, malgré le soutien des acteurs humanitaires,notamment le CICR et MSF", renseigne le communiqué.

La communauté humanitaire exhorte la communauté internationale à intensifier ses efforts pour faire face à la crise humanitaire et sécuritaire qui s'aggrave rapidement. En attendant la cessation des hostilités, elle appelle à des pauses humanitaires temporaires dans les zones les plus affectées et les plus à risque, afin de  permettre l’évacuation des blessés et des civils des zones de combats actifs.

"Au nom de la communauté humanitaire, je rappelle à toutes les parties au conflit armé les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire : les civils, ainsi que les infrastructures civiles 
fournissant des services essentiels, ne doivent jamais être pris pour cible.Toutes les parties au conflit sont tenues d'assurer le passage sans entrave de l'aide humanitaire à ceux qui en ont besoin et de garantir le passage en sécurité des civils fuyant les zones de combat actifs. Les civils doivent pouvoir accéder à l'aide humanitaire en toute sécurité et dans la dignité. Cela nécessite que les acteurs 
humanitaires restent au plus près des populations touchées, dans des conditions leur permettant d’apporter l’assistance vitale indispensable", ajoute le communiqué rappelant l'impératif de permettre la restauration des services de base dans la ville de Goma, notamment l'accès à l'eau, à l'électricité et aux soins de santé, afin de répondre aux besoins essentiels des populations touchées par le conflit.

Depuis les nouvelles offensives du M23 autour de la ville de Goma le 23 janvier 2025, plusieurs centaines de milliers de personnes ont de nouveau été forcées de fuir les multiples zones de combats en cours, alors que les capacités d’accueil et d’assistance aux personnes dans le besoin sont déjà saturées. Au 24 janvier 2025, rapporte le communiqué, l’hôpital général Ndosho de Goma traitait plus de 256 blessés, dont 90 civils, la plupart souffrant de graves blessures causées par des tirs de balles et d’artillerie. Cela dépasse largement sa capacité de 146 lits, malgré le renforcement des opérations par les partenaires humanitaires.

Ces derniers jours, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont réalisé une percée face aux Forces armées de la République démocratique du Congo dans la province du Nord-Kivu. La tension est vive autour de la ville de Goma qui fait désormais face à la menace de la coalition M23-RDF.

Clément Muamba