Goma: panique observée dans l’ouest de la ville suite à l’arrivée massive des déplacés après la conquête des localités par le M23 à Kalehe

Les déplacés du Nord-Kivu après érption volcanique/Ph. ACTUALITE.CD

Une panique généralisée est observée depuis tôt le matin  de ce mercredi 22 janvier 2025 dans des quartiers situés dans l'ouest de Goma, ainsi que dans des camps des déplacés. Cette situation est consécutive à l’arrivée d'un grand nombre de nouveaux déplacés en provenance notamment des localités du territoire de Kalehe, précisément de Kitembo (groupement Buzi) au Sud-Kivu et de Nzulo (groupement Kamuronza-Sake) au Nord-Kivu. Nombreux anciens et nouveaux déplacés ainsi que certains habitants des quartiers lac Vert et Mugunga décident de prendre la direction du centre-ville de Goma pour se mettre à l'abri des tirs d'armes.

« C'est depuis la nuit dernière que nous avons accueilli plusieurs déplacés en provenance de Nzulo, Kitembo et environs. Quelques déplacés de Bulengo commencent à vider le site pour se diriger vers le centre-ville de Goma, là où ils jugent être mieux sécurisés. Ce matin, nous venons d'enregistrer plusieurs déplacés en provenance du site de Nzulo vers celui de Lushagala. Ils fuyaient des détonations d'armes lourdes installées dans ce site de Nzulo. Mais aussi, d'autres détonations des bombes larguées par le M23 vers le village de Kitembo, dans le groupement de Buzi, étaient entendues. C'est à plus ou moins 200 mètres du site de Nzulo. À présent, il y a plusieurs déplacés qui prennent la direction de Goma », témoigne à ACTUALITE.CD, Ismaël Matungulu, journaliste déplacé qui revient de Sake, ce mercredi.

Il faut signaler que l’armée a rapproché des sites des déplacés depuis plusieurs mois ses positions dans l’ouest de Goma pour réagir aux attaques des rebelles du M23.

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Peter Chirimwami a appelé la population à ne pas céder à la panique car l’armée s’active pour assurer sa sécurité.

« Ces déplacements sont motivés par des affrontements qui font rage dans le village voisin de Buzi, sur la colline de Ngwiro. Donc, en guise de rappel, Nzulo avait non seulement des populations locales qui n'avaient jamais fui mais, il y avait aussi deux camps des déplacés. Malheureusement, tout ce monde-là est en train de fuir vers Goma. Ce qui est vraiment très désolant, est qu'il y a des populations qui ne savent pas où aller. Donc, il y a des populations qui sont éparpillées sur la route Sake-Goma ne sachant pas dans quel sens se diriger. C'est vraiment un spectacle désolant », indique à ACTUALITE.CD Mwisha Busanga Léopold, président de la société civile du groupement Kamuronza-Sake, dans le territoire de Masisi.

Et de poursuivre :

« Nous demandons au gouvernement de prendre très vite des initiatives pour récupérer les zones déjà conquises par les rebelles mais aussi, en attendant que les gens ne puissent revenir, il faudrait que des équipes soient dirigées sur terrain pour encadrer tous ces déplacés qui ne savent pas où aller. Il faudrait que Kinshasa dépêche le chef d'état-major général des FARDC ici à Goma pour qu'il puisse venir palper du doigt la situation que nous sommes en train de traverser. Parce qu'on ne comprend vraiment pas comment les gens peuvent continuer à souffrir jusqu'à ce niveau sans que des décisions, des mesures sérieuses soient prises pour mettre fin à cette situation. C'est vraiment inquiétant ».

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus 178 000 personnes sont nouvellement déplacées depuis les récents développements de la situation sécuritaire dans la province du Sud-Kivu, marqués notamment pas la conquête, par le M23, des cités de Bweremana, Minova et Kalungu.

Une bonne partie de la population de Minova, dont des déplacés des anciennes crises, serait en déplacement vers le sud sud, dans les localités de Nyamasasa et Kinyezire. Un petit nombre de déplacés est arrivé sur le site de Nzulo au Nord-Kivu par le port de Nzulo dans la nuit du 20 janvier.

En date du 31 décembre, le Sud-Kivu comptait 1,67 millions de déplacés internes, d’après OCHA.

Jonathan Kombi, à Goma