En plus de faiblesse des institutions, de la culture de l’impunité et des conflits armés et instabilité politique en République démocratique du Congo, l’absence d’un cadre juridique et institutionnel de protection des lanceurs d’alerte constitue, selon la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), un autre aspect entravant la lutte contre la corruption. Car, estime cette ONG, ceux qui osent dénoncer des pratiques corrompues ou illégales s’exposent à des graves représailles, notamment intimidation et harcèlement ; perte d’emploi.
C’est dans ce contexte que PPLAAF, possédant une solide connaissance de la situation en RDC, organise les 7 et 8 novembre 2024 à l’hôtel Memling à Kinshasa, une conférence internationale sur le lancement d’alerte en RDC. En organisant ces assises avec la contribution de ses différents partenaires, l’ONG cherche à renforcer sa présence, placer la question de la protection des lanceurs d’alerte au cœur des préoccupations du gouvernement congolais actuel et de toutes les parties prenantes. Les objectifs sont également de tisser des partenariats locaux solides pour soutenir l’adoption d’une loi portant protection des lanceurs d’alerte en RDC.
« Nous sommes ici pour appuyer les autorités et aider la société civile à renforcer ses capacités dans l’objectif de protéger efficacement les lanceurs d’alerte pour protéger l’intérêt général », a déclaré le directeur exécutif de PPLAAF, Henri Thulliez.
Pour sa part, l’ambassadeur de la Suède en RDC, Joakim Vaverka a salué les organisateurs de cette conférence internationale « pour cet engagement exemplaire en faveur de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance, gage d’un développement inclusif de la RDC ».
De son côté, Mme Jennifer Sarvary-Bradford de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a salué, elle aussi, cette conférence internationale qui, pour elle, est un pas vers l’élaboration d’un projet de loi portant protection des lanceurs d’alerte en RDC.
Quant à lui, M. Stanley Matthys, conseiller chargé des affaires économiques et coopération au développement à l’ambassade de Belgique en RDC a salué la pertinence des thèmes exploités au cours de ces assises. Il s’est dit accroché à des approches qui consistent à tirer profit des expériences, des enseignements d’autres pays. « Comme vous le savez, la lutte contre la corruption est un thème cher à la Belgique. Trop souvent, le cercle vicieux de la corruption se reproduit, car les personnes qui se mettent à dénoncer s’exposent à des risques et des menaces énormes. Un cadre juridique et institutionnel de protection des lanceurs d’alerte est donc crucial (…) Une législation forte pour protéger et soutenir les lanceurs d’alerte est essentielle. Elle renforce le droit de partager et de recevoir les informations mais elle est également fondamentale pour une société dans laquelle la transparence et la responsabilité démocratique sont centrales et dans laquelle le droit humain de toutes et de tous est protégé. A ce titre, nous sommes ravis de voir que la RDC est activement engagée dans un processus visant à protéger les lanceurs d’alerte (…) », a indiqué le conseiller à l’ambassade de Belgique.
Pour le porte-parole de la coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV), Jean-Claude Mputu a pensé à deux lanceurs d’alerte Gradi Koko et Navy Malela condamnés à mort « pour avoir fait ce geste magnifique de lancer l’alerte en RDC ». Il s’est dit, par ailleurs, convaincu que « cette conférence va nous aider à avoir une législation digne de ce nom ; avoir des lanceurs d’alerte protégés ; et surtout faire reculer la corruption, ce fléau qui fait reculer notre pays ».
Bienvenu Ipan