À la suite de la tentative d'évasion au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK, Ex Makala) causant la mort d'une centaine de détenus, les acteurs de la société civile et l'opposition politique ont dénoncé la violence et la répression des forces de sécurité et demandent une enquête indépendante sur les circonstances de ce drame.
Interrogé sur France 24 sur l'usage " disproportionné "de la force par les militaires contre ces détenus sans défense", le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya estime qu'au regard de la gravité de la situation, il fallait réagir mais il reviendra désormais à l'enquête en cours de déterminer la nature de l'intervention.
"Écoutez, c'est pour ça que nous allons faire l'enquête pour arriver à identifier les circonstances qui ont conduit mais ici il faut faire attention à des mots, certains mots qu'on utilise parce que lorsque vous incarnez l'État et que vous avez une prison qui est située dans un quartier populaire qu'il y a tentative d'évasion et que de l'intérieur on a incendié la cuisine, le dépôt pharmaceutique et tout ce qui a été incendié vous avez du feu les forces de l'ordre ont l'obligation d'intervenir maintenant on va interroger la nature de l'intervention mais je suis sûr et d'ailleurs comme vous l'avez remarqué les morts que nous déplorons le plus sont les morts par étouffement parce qu'il y a eu étouffement,il y a eu bousculades et nous espérons que très vite l'enquête pourra nous permettre de comprendre toutes ces circonstances", a rassuré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
À la question de savoir, ces incidents n'étaient-ils pas prévisibles au regard de la surpopulation carcérale dans cet établissement et le faible taux du désengorgement ? Le ministre de la Communication et des médias Patrick Muyaya a fait savoir que la question était déjà prise en charge et que ces incidents vont accélérer le projet de construction des nouvelles prisons.
"La question, elle était déjà prise en charge, le ministre d'État, ministre de la justice et garde des sceaux avait déjà commencé le processus de désengorgement de la prison parce que nous savons et ce n'est pas seulement le cas de Kinshasa, il y a un programme dans le pays qui vise notamment à construire des nouvelles prisons, l'incident qui est arrivé va accélérer le processus qui avait déjà commencé et en plus de ce qui a été dit aujourd'hui dans les mesures qui ont été prises il y aura une vigilance plus accrue au niveau des services pénitentiaires pour arriver à détecter ce type de comportement qui aurait pu dégénérer à des problèmes un peu plus graves que ce que nous avons connu", a indiqué le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
À quelle échéance peut-on avoir des nouvelles prisons construites et en même temps le désengorgement?
Patrick Muyaya répond :
"Le désengorgement est un processus qui a commencé récemment mais vous savez dans la plupart des cas ça fait bien longtemps que cette situation perdure mais la question a été prise à bras le corps pas seulement dans la prison de Makala à Kinshasa mais dans les autres prisons, vous savez il y a des processus judiciaires il faut savoir identifier chaque détenu, dans quelle circonstance il est arrivé à cet endroit et qu'est ce qu'il faut faire pour le sortir ça ne peut pas se faire de manière automatique non plus mais il faut considérer la question a été prise à bras le corps et puis il y a des programmes notamment parce que la prison de Makala qui se trouve en plein milieu, c'est d'ailleurs dans ma circonscription devra être délocaliser pour être sûr que les prisonniers sont les conditions carcérales requises", a souligné le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Actuellement, les raisons de la tentative d'évasion au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK) demeurent encore inconnues, mais le bilan annoncé par le gouvernement est déjà considérable bien que contesté par certaines organisations de la société civile. Selon les autorités, il y a des morts par balles après des tirs de sommation, les autres sont morts à la suite des bousculades, par étouffement, et plusieurs femmes ont été violées.
Une semaine après ces incidents, rapporte RFI, les ONG réclament un accès à la prison de Makala pour soigner les détenues violées lors des incidents. Les ONG de défense des droits des femmes réclament un accès sur les lieux. Pendant les événements, qualifiés d'une tentative d'évasion, de nombreuses femmes ont été victimes de viols et restent sans assistance ni soins nécessaires.
Pendant ce temps, un procès en flagrance a été ouvert à la prison centrale de Makala, où deux groupes de détenus "présumés" impliqués dans les actes de barbarie perpétrés lors de la tentative d’évasion des prisonniers ont été identifiés devant le tribunal de garnison de Kinshasa-Ngaliema.
Clément MUAMBA