De la rencontre entre la RDC et le Rwanda au lancement de l’opération de la bancarisation des recettes des services judiciaires en passant par les 100 jours du gouvernement Suminwa, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits avec Nathalie Tshamala Mpiana.
Merci de nous accorder de votre temps Madame Nathalie Tshamala Mpiana, pouvez-vous nous parler de votre parcours?
Nathalie Tshamala Mpiana: Je suis mariée, licenciée en gestion des entreprises et organisation du travail. Je travaille dans le secteur de l’énergie et des hydrocarbures.
La RDC et le Rwanda se retrouveront à nouveau les 9 et 10 septembre, à Luanda, sous la médiation de l’Angola, pour négocier l’Accord de paix sur le conflit dans l’Est de la RDC. Comment évaluez-vous les chances de succès de ces négociations par rapport aux précédentes ?
Nathalie Tshamala Mpiana: J'estime que négocier avec le Rwanda est une perte de temps. C'est une stratégie pour Kagamé qui profite de ces négociations pour gagner du terrain. Je crois que le gouvernement doit se réveiller et mettre les moyens à la disposition de l'armée pour défendre notre pays. Le Rwanda n'a jamais été et ne sera jamais sincère dans cette crise, ces négociations n'aboutissent à rien.
De son côté, la France a salué devant le conseil de sécurité des Nations-Unies, les efforts que déploie la SADC, pour la pacification de l’Est de la RDC. Comment interprétez-vous le soutien de la France aux efforts de la SADC ?
Nathalie Tshamala Mpiana: La France, comme beaucoup d'autres pays, fait preuve une fois de plus de l'hypocrisie de la communauté internationale. D'un côté ils saluent les efforts des autres partenaires, et d'un autre ils soutiennent l'armée Rwandaise à travers des partenariats signés avec l’UE etc , alors que plusieurs rapports ont démontré clairement l'implication du Rwanda dans cette tragédie. C'est soutenir une chose et son contraire.
Comment évaluez-vous l'efficacité de la coopération militaire de la SADC dans l’Est de notre pays ?
Nathalie Tshamala Mpiana: Je pense que jusqu'à présent la coopération entre la RDC et les pays de la SADC est l'une des plus concrètes et sincères. Il y a lieu que le conseil de sécurité de l'ONU apporte un plein soutien à ce partenariat pour doter les troupes de la SADC des moyens nécessaires pour réaliser efficacement leurs missions.
Au mois de septembre, le gouvernement Suminwa totalisera 100 jours. Comment évaluez-vous l'action du gouvernement Suminwa ?
Nathalie Tshamala Mpiana: Jusqu’à présent la première ministre a été un peu trop discrète. Je ne sens pas encore ses empreintes dans sa manière de gouverner. Néanmoins, il y a quelques ministres qui se sont distingués, entre autres le ministre de la justice.
Le ministre de la justice a lancé lundi à Kinshasa, l’opération de la bancarisation des recettes des services judiciaires. Comment avez-vous accueilli ceci?
Nathalie Tshamala Mpiana: C'est une excellente nouvelle. Ceci va réduire l'arbitraire et permettre une meilleure traçabilité des ressources générées dans le secteur de la justice. Le ministre devrait, pour accompagner cette mesure, ordonner l'affichage des frais à payer pour chaque service et faire un suivi pour que l'exécution de cette mesure ne souffre d'aucune faille.
Face aux situations politique, sociale et économique dégradantes de la RDC, Denis Mukwege appelle à un dialogue sous la médiation de l'Église catholique. Qu'en pensez-vous ?
Nathalie Tshamala Mpiana: Le dialogue n'a jamais été une mauvaise chose, c'est sa finalité qui nous intéresse. Si le dialogue qu'il sollicite est dans le but d'organiser un énième partage du gâteau, je pense que ça n'en vaut pas la peine. Si dialogue il doit y avoir, il faudrait que ça soit dans l'objectif de s'unir pour relever les défis auxquels nous faisons face.
Kamala Harris a été investie officiellement comme candidate démocrate à l’élection présidentielle du 05 novembre aux USA. Comment voyez-vous l’avenir des États-Unis sous sa présidence ?
Nathalie Tshamala Mpiana: Si Kamala Harris devenait présidente des États-Unis, son mandat pourrait être marqué par un engagement fort en faveur des droits civiques, de la justice sociale, et du climat. En tant que vice-présidente sous Joe Biden, elle a déjà mis l'accent sur l'égalité raciale, la réforme de la justice pénale, et l'accès aux soins de santé. Cependant, la réalisation de ces objectifs dépendrait de nombreux facteurs, y compris le contrôle du Congrès par son parti et les défis imprévus auxquels elle pourrait être confrontée.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka