En République Démocratique du Congo, la loi est claire : tous les enfants, filles et garçons, ont les mêmes droits en matière d'héritage, souligne Maître Roger Bukasa, avocat au barreau de Kinshasa/Matete. Pourtant, sur le terrain, les pratiques culturelles et sociales ne sont pas forcément avantageuses pour les filles aînées.
Dans un entretien accordé au Desk Femme d’Actualité.cd, Maître Roger Bukasa, spécialiste en droit de la famille fait part des dispositions légales en vigueur et les obstacles rencontrés dans leur application.
Selon lui, le code de la famille congolais garantit l'égalité de tous les héritiers, qu'il s'agisse des filles aînées, des cadets ou des enfants nés hors mariage mais reconnus. "Il n'y a plus de statut particulier réservé à la fille aînée ou aux filles généralement", affirme-t-il. "La RDC a également ratifié des traités internationaux promouvant l'égalité des sexes, renforçant ainsi ce principe juridique".
Malgré cette avancée législative, de nombreux défis persistent, note-t-il .
"La cupidité, les croyances traditionnelles selon lesquelles les filles n'auraient pas vocation à hériter, et la lenteur de la justice sont autant d'obstacles qui entravent l'application effective de la loi", déplore-t-il. "Il y a des gens qui, dans la succession, croient que comme ils sont les plus âgés, ils ont plus de droits que les autres".
Ces pratiques conduisent à des conflits familiaux, des divisions et des inégalités économiques. "Il y a des familles qui se sont déchirées à cause des questions d'héritage", souligne Maître Bukasa.
Pour remédier à cette situation, l'avocat propose plusieurs pistes :
- La sensibilisation: "il est essentiel de mieux informer la population sur les droits de chacun en matière d'héritage, notamment en milieu rural où les pratiques traditionnelles sont encore très présentes".
- l’accélération de la justice: "la durée excessive des procédures judiciaires découragent souvent les victimes d'inégalités. Il est nécessaire de réduire les délais de traitement des affaires successorales".
- La réduction des coûts judiciaires: "les frais de justice élevés constituent un obstacle majeur pour les personnes les plus vulnérables. Des mesures doivent être prises pour rendre la justice plus accessible à tous ", a-t-il renchéri.
Nancy Clémence Tshimueneka