L'invasion Mbororo transcende les compétences locales, territoriales voire provinciales, reconnaît le gouverneur de la province du Haut-Uele. Quand bien même que les populations s'appuient désespérément aux efforts de solutions de ces autorités, ceci risque de demeurer lettre morte après plus d'une décennie d'occupation.
En séjour dans le territoire de Watsa, la capitale économique de son entité pour une mission officielle depuis deux semaines, le chef de l'exécutif provincial a accordé, le dimanche 11 août, une interview aux journalistes, au cours de laquelle, plusieurs questions liées à la vie de la province ont été abordées. La problématique des éleveurs Mbororo est revenue.
"Cette question dépasse les compétences de la province. Même au niveau national aujourd'hui, elle va au-delà même des compétences de notre gouvernement. Depuis un temps, la question de Mbororo est devenue une question sous-régionale, régionale et même internationale. Les Mbororo, je ne sais pas par quelle magie, sont aujourd'hui considérés sur le plan international comme des réfugiés climatiques, et ça nous pose trop de problèmes. Avec ça ils bénéficient de la protection des faits", a déploré le gouverneur du Haut-Uele.
L'autorité provinciale préconise une voie de sortie collective entre les pays de la sous-région. Il souligne qu'au niveau du gouvernement central, les efforts allant dans ce sens ont été amorcés mais sans succès. "Au niveau du gouvernement, beaucoup de bruits ont été faits, les parlementaires sont revenus sur la question mais ça n'a pas trop évolué", a souligné Jean Bakomito qui n'entend toutefois pas baisser la garde malgré ce mutisme, en remontant les informations à sa hiérarchie.
"Nous allons essayer de remonter encore les informations au niveau national et voir comment cette affaire va finalement trouver des solutions, puisque c'en est de trop, mais c'est une question qui va au-delà des compétences de la province", a-t-il lâché.
Dans sa réponse, le gouverneur indique que le gouvernement provincial va continuer de pousser la réflexion, aspirant tout de même à une bonne collaboration entre le pouvoir provincial et central pour une solution durable en donnant des orientations claires.
"Le gouvernement provincial a toujours réfléchi sur la question. On les a cantonnés mais ils débordent toujours d'un territoire à l'autre. Est-ce qu'il faut les cantonner ? On a essayé une fois de les refouler, ça a créé trop de problèmes. Qu'est-ce qu'il faut faire", s'interroge-t-il.
Il faut noter que la cohabitation entre Mbororo et autochtones est difficile. Les dégâts causés sont énormes, la population arrive en tout cas à bout de patience. Lorsque vous avez des champs qui sont détruits dans tous les territoires pratiquement, voyez ce que ça donne, les préjudices qui ne sont pas réparés [...] En tout cas, il nous faut prendre à bras-le-corps la situation, nous n'allons pas nous fatiguer, a dit Jean Bakomito, insistant sur la portée sous-régionale de la problématique.
Joël Lembakasi