Emmanuel Lampaert, représentant pays de l’ONG Médecins sans frontières en RDC, a été reçu mardi 6 août 2024 par la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner. Au menu des discussions, l’escalade de la violence dans l’Est de la République Démocratique du Congo, à l'origine des déplacements massifs de population, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse.
Selon les Nations Unies, la RDC compte près de 7,3 millions de personnes déplacées, dont 6,9 millions dans les seules provinces de l'Est. L'occasion pour le représentant pays de l’ONG Médecins sans frontières en RDC de tirer la sonnette d'alarme auprès du gouvernement via le ministère des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie.
"Nous étions là, nous sommes là et nous sommes restés au mieux aux côtés de ceux qui en ont besoin. Médecins Sans Frontières a dû accroître son dispositif au cours des deux dernières années, notamment autour de la ville de Goma, et je crois que nous continuons à interpeller l'ensemble de la communauté internationale ainsi que le gouvernement sur l'ampleur des besoins et la disproportion entre ces besoins et la réponse, qui est bien en deçà des standards. Je crois que nous invoquons toujours ce droit de s'indigner, d'interpeller au nom de la population, au nom des bénéficiaires. C'est cet engagement sur lequel le gouvernement de la République Démocratique du Congo pourra toujours compter", a déclaré Emmanuel Lampaert, représentant pays de l’ONG Médecins sans frontières en RDC, devant la presse à l'issue des échanges avec la cheffe de la diplomatie congolaise.
Les difficultés rencontrées pour apporter des réponses aux besoins des populations sur le terrain ont également été abordées lors de cette rencontre.
"Nous avons pu évoquer cela avec Madame la ministre d'État. Effectivement, l'accès aux soins rencontre des barrières physiques et sécuritaires, notamment dans les territoires de Kalehe, Masisi, ou encore Rutshuru. Mais je crois que c'est en surmontant ces obstacles en équipe et en continuant à évoquer ce qui nous motive - l'engagement de réellement faire la différence au chevet des malades, au sein des communautés - que nous pourrons surmonter ces différentes barrières, qu'elles soient physiques, sécuritaires, culturelles ou intercommunautaires", a indiqué Emmanuel Lampaert.
Dans le même ordre d’idées, le représentant pays de Médecins Sans Frontières a précisé que les réponses sont apportées en fonction des situations, notamment la vulnérabilité des populations civiles prises en charge, parmi lesquelles les personnes vivant avec le VIH et celles en situation de handicap.
"Médecins Sans Frontières, en tant qu'organisation internationale en République Démocratique du Congo, est déployée dans plusieurs provinces avec des dispositifs de réponse aux urgences médico-humanitaires, particulièrement dans les provinces de l'Est, que ce soit en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, dans le sud du Maniema, mais aussi avec une diversité de réponses, en mettant l'accent sur les vulnérables, telles que les personnes vivant avec le VIH/SIDA ou les personnes en situation de handicap", a-t-il précisé.
Et d'ajouter :
"Il était plus que temps, avec la prise de fonctions de son Excellence Madame la ministre d'État, de faire un point et de voir comment évoluer ensemble dans le futur, avec un fort accent non seulement sur l'action des équipes de Médecins Sans Frontières et l'accompagnement que le gouvernement pourrait offrir, mais aussi sur les témoignages de ce que vivent et subissent nos bénéficiaires et sur ce que nos équipes sur le terrain, principalement des hommes et des femmes congolais, nos collaborateurs, essaient de mettre en œuvre, à savoir cet accès aux soins avec le respect des principes médico-humanitaires de neutralité, impartialité, indépendance, et bien sûr, d'humanité."
Cette rencontre coïncide avec la publication d'une nouvelle enquête menée par Epicentre, satellite de Médecins Sans Frontières (MSF) dédié à l’épidémiologie et à la recherche médicale, auprès de personnes déplacées dans quatre camps autour de Goma en République Démocratique du Congo (RDC). L'enquête montre la fréquence quotidienne et les niveaux alarmants de violences, en particulier sexuelles, qui perdurent dans et autour des camps. Plus d'une jeune femme sur dix a déclaré avoir été violée durant la période couverte par l’enquête (novembre 2023 – avril 2024). MSF renouvelle son appel aux autorités et aux acteurs de l’aide pour garantir la protection des personnes déplacées et répondre de manière adéquate à cette épidémie de violences.
Clément MUAMBA