Le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe poursuit son examen du dossier de l'attaque de la résidence de l'ancien président Joseph Kabila. Lundi, l'audience s'est concentrée essentiellement sur l'identification des 76 prévenus impliqués dans cette affaire complexe, qui mêle politique, justice et violence urbaine.
Une audience sous haute tension
Le procès, qui a débuté le week-end dernier, s'est tenu dans une atmosphère tendue. Parmi les accusés figurent plusieurs jeunes affiliés à l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti au pouvoir. Le tribunal a rapidement dû se déclarer incompétent pour juger 11 prévenus mineurs, qui seront transférés devant un tribunal pour enfants.
L’audience de ce lundi a permis au ministère public de présenter ses accusations, tout en écoutant les déclarations des parties civiles, notamment les avocats de l’ex-première dame, Olive Lembe Kabila. Les débats ont été marqués par les témoignages contradictoires des accusés et des parties civiles.
Les déclarations de Kennedy, figure clé du procès
Parmi les prévenus, Ngandu Wa Ngandu Kennedy alias Anti-balle, un homme au regard déterminé, s'est présenté comme un responsable provincial de la Force du Progrès (fédération de Lukunga), un groupe affilié à l'UDPS. Devant les juges, il a expliqué comment il s’était retrouvé impliqué dans cette affaire, affirmant qu’on lui avait offert 5000 dollars pour participer à une tentative de déguerpissement forcé d’un immeuble à Gombe, en proie à un conflit foncier.
Il a également déclaré que des agents du parquet avaient déjà eu recours à leurs services pour exécuter certaines décisions de justice. Cette affirmation a suscité de vives réactions dans la salle d’audience, où les spectateurs suivaient attentivement le déroulement des débats.
Les chefs d’accusation
Les charges retenues contre les prévenus sont lourdes : association de malfaiteurs, vol à l'aide de violence, destruction méchante et tentative de meurtre. Le ministère public a insisté sur la gravité des actes commis lors de l’opération de déguerpissement forcé, qui aurait été marquée par des violences physiques, attouchements, et des vols.
Quant à l’attaque de la résidence de Joseph Kabila, Kennedy a nié toute responsabilité, affirmant que lui et son équipe avaient été pris pour cible par la garde de l’ancien président. Cette version des faits a été vivement contestée par les avocats de Marie-Olive Lembe, qui s’est constituée partie civile pour obtenir réparation des dommages subis. La prochaine audience, prévue ce mardi, devrait permettre d'approfondir les investigations et de confronter les différentes versions des faits.