Du début des consultations pour la formation du gouvernement en RDC à la poursuite des massacres à Kwamouth en passant par les pluies diluviennes auxquelles fait face Kinshasa, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Nicole Nsambi Mpia.
Bonjour, madame Nicole Nsambi. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?
Nicole Nsambi Je suis chercheuse en sciences sociales à l'université de Kinshasa et experte en questions liées au genre.
Judith Suminwa a débuté les échanges avec les membres du présidium de l'USN. Selon vous, quelle taille doit avoir le nouveau Gouvernement pour répondre aux attentes de la population ?
Nicole Nsambi La nomination de madame Judith Suminwa est une excellente nouvelle pour la République et vient couronner une lutte de plusieurs structures d'accompagnement des droits des femmes. Sur ce, je proposerai un gouvernement basé sur la compétence, composé de 40 membres, tous les ministères y compris.
Course au perchoir de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso demeure candidat pour la présidence du bureau définitif. Comment accueillez-vous ceci ?
Nicole Nsambi Nous sommes en démocratie, le patriarche Mboso est dans ses droits de postuler à n'importe quel poste au moment où la loi ne lui interdit pas. Mais je pense qu'il serait beaucoup plus efficace dans un rôle de conseiller pour un bureau des jeunes. Le pays a besoin d'une nouvelle dynamique et c'est le moment. Donc, en ce qui nous concerne, le patriarche devrait se reposer et laisser la place à la jeunesse.
Augustin Kabuya a renoncé à sa candidature au poste de 1er vice-président de l'Assemblée nationale pour demeurer au poste de SG de l'UDPS. Qu'en pensez-vous ?
Nicole Nsambi : Le SG Kabuya est dans sa logique habituelle, celle de demeurer le gardien du temple. Étant donné qu'il a été informateur puis formateur, il veut se donner le rôle d'arbitre politique au sein de l'union sacrée. C'est de son droit de renoncer, mais il aurait été souhaitable de le voir dans la pratique de l'exercice du pouvoir que dans la gestion du fait privé qui serait l'UDPS.
Sur le plan sécuritaire, trois soldats tanzaniens de la SADC ont été tués par un tir de mortier dans le Nord-Kivu. Comment évaluez-vous l'évolution de cette guerre depuis le déploiement des troupes de la SADC dans l'Est ?
Nicole Nsambi : Cette guerre est une situation complexe. Certes, des troupes se sont succédé avec des résultats discutables. Nous condamnons les morts de plus. La guerre doit cesser. Mais la solution à cette crise reste la construction d'une armée forte et dissuasive.
Le porte-parole des FARDC a présenté la semaine dernière Eric Nkuba Shebandu, l'un des principaux responsables au sein de l'AFC neutralisé il y a quelque temps. Comment avez-vous accueilli la médiatisation de ce dossier ?
Nicole Nsambi : L'arrestation de M. Éric Nkuba est une excellente nouvelle. Mais la médiatisation de ce dossier est un spectacle de trop. L'armée doit fonctionner pour les résultats positifs qui se constatent et non des spectacles à caractère non probant.
Qu'attendez-vous comme sanctions à l'encontre de toutes les personnalités politiques citées comme ressources de l'AFC ?
Nicole Nsambi : il est temps que la loi s'applique. Que le droit soit dit dans toute sa rigueur. Notre pays a assez souffert de la traitrise et de l'infiltration à tous les niveaux. Il y a lieu d'apprendre au peuple congolais à aimer leur pays et à le défendre et non à collaborer avec les ennemis qui tuent nos compatriotes.
Malgré l'acte d'engagement pour la fin des hostilités signé entre les chefs coutumiers Teke et Yaka, les massacres continuent à se perpétrer dans cette province du pays. Quelles solutions préconisez-vous pour un retour de la paix ?
Nicole Nsambi : Dans tout conflit, nous préconisons le dialogue. Le dialogue est une excellente solution. Mais il faut que l'État joue pleinement son rôle d'imposer l'ordre public et de garantir la paix et la sécurité à tous les Congolais.
Sur le plan économique. La dette publique de la RDC a dépassé le cap de 10 milliards USD en cinq ans. Quelle solution pouvez-vous proposer pour sortir le pays de cette situation ?
Nicole Nsambi : C'est regrettable pour nos dirigeants. La première décision serait de diminuer les trains de vie des institutions, puis d'exercer une bonne gouvernance axée sur les résultats, enfin de projeter à long terme une programmation disciplinée du remboursement de la dette interne et externe.
La capitale de la RDC fait face à des pluies diluviennes ces derniers jours. Comment peut-on lutter contre les inondations et protéger la population en ces temps ?
Nicole Nsambi : comme dans d'autres pays, une installation des systèmes d'alertes devrait se faire. Le curage de certaines rivières urbaines, la salubrité dans les conduites des eaux doivent être de rigueur et l'urbanisation obligatoire.
Au Mali, au Niger et au Burkina, à cause de l'insécurité, les écoles ferment plus qu'elles ne rouvrent, selon les données publiées par l'UNICEF. Comment voyez-vous l'avenir de l'Afrique au regard de tout ceci ?
Nicole Nsambi : C'est triste et regrettable de voir ces enfants privés de l'école, ce qui peut mettre en péril l'avenir de toute une génération. Il importe que les dirigeants africains travaillent en collaboration pour endiguer toutes les poches d'insécurité sur le continent. C'est une des circonstances que nous regrettons certes, mais l'avenir de l'Afrique reste positif.
Le Togo fixe ses législatives au 29 avril. Et ce, malgré l'opposition à la nouvelle Constitution. Comment Voyez-vous l'issue de ces opérations ?
Nicole Nsambi : c'est une question de souveraineté. Mais en tant qu'analyste, je souhaiterai que la constitution soit respectée et que les acteurs politiques se mettent au tour d'une table en vue de trouver une solution idéale.
Une députée d'opposition britannique a déposé un texte demandant la décriminalisation de l'avortement en Angleterre et au Pays de Galles. Comment évaluez-vous cette tendance après la légalisation de l'avortement en France ?
Nicole Nsambi : c'est une nouvelle vague dans certains pays en Occident. Libre à eux. Mais en tant que panafricaniste, nos valeurs ne sont pas à marchander, encore moins à brandir au nom d'une certaine vision dite de la liberté.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka