Le pasteur Pierre Kasambakana, responsable de l'église primitive dans la commune de Lingwala à Kinshasa, a été arrêté et transféré à la prison centrale de Makala pour mariage forcé et viol sur mineures.
À cet effet, le Desk femme d'Actualités.cd s'est entretenu avec Josué Ozowa Latem, professeur à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation de l'Université de Kinshasa. Il revient sur les facteurs psychologiques pouvant conduire à ces actes et leurs conséquences sur l'évolution des filles mineures.
En tant que psychologue, quelle lecture faites-vous de l'affaire Pasteur Kasambakana (un pasteur de 70 ans qui s'est marié à une mineure de 14 ans pour son 12e mariage) ?
Josué Ozowa Latem : ce comportement démontre une position de déséquilibre mental. Par ces unions, l'auteur cherche à combler un vide que les mariages n'arrivent pas à résoudre finalement. Et aller jusqu'à épouser des mineures dénote une attitude de sadisme, un état d'agressivité vis-à-vis de l'image féminine.
Comment expliquer les mécanismes qui maintiennent les femmes dans une telle union ?
Josué Ozowa Latem : plusieurs facteurs peuvent expliquer l'attitude des femmes qui tolèrent ce comportement. Elles se disent que si elles dénoncent, elles peuvent être accusées par la société comme celles qui ne savent pas protéger et soutenir leurs maris. Soit elles se trouvent juste dans une situation de doubles contraintes, elles acceptent la situation malgré elles ou cette attitude peut tout simplement être justifiée par le machosisme.
Quelles conséquences peuvent avoir ces actes sur l'évolution de ces filles mineures ?
Josué Ozowa Latem : ces femmes seront dans une culpabilité inconsciente par le fait qu'elles ont accepté cette situation, non parce qu'elle est acceptable dans leur société. Pour certaines raisons, elles se voient obligées d'accepter et en souffrent. Et cette culpabilité peut, à son tour, générer des pathologies sur le plan somatique ou psychique, ou les amener dans des pathologies psychosomatiques.
Comment les aider à en sortir
Josué Ozowa Latem : Par des campagnes de sensibilisation sur leurs droits et libertés en tant que femmes, par une rééducation d'elles-mêmes et de leur entourage en promouvant le respect des droits humains ainsi que des valeurs féminines.
Quelles répercussions ces actes peuvent-ils avoir sur l'éducation des enfants issus de ces unions ?
Josué Ozowa Latem : Pour les enfants, le problème pourra se poser lorsqu'ils atteindront l'âge de la conscience. Ce genre de problèmes, généralement, commencent par des questions existentielles pouvant porter sur l'écart d'âge entre les parents qui ne trouveront peut-être pas de réponses. Et ce questionnement sans réponse pourrait conduire à des révoltes, au banditisme ou à se replier et à considérer le monde comme méchant. Ce qui va créer dans le temps des troubles et des déséquilibres sur le plan psychologique ou social chez les enfants.
Ce genre de fait ayant attrait à la pédophilie soulève des questions sur la déviance sexuelle. Comment venir à bout de ce genre de pratiques ?
Josué Ozowa Latem : la pédophilie est condamnable même dans la société. C'est pourquoi on doit veiller à l'éducation des enfants (filles ou garçons). D'abord, au niveau de la famille, les parents doivent apprendre aux filles même petites à se défendre. Non pas seulement par des coups de poing, mais aussi par les idées et la force mentale pour dire non dans des situations quand il le faut. Dans la société et les églises, on doit encourager les mouvements et les structures des jeunes à parler de l'éducation tout en prônant le respect des droits et des libertés de tous, organiser des sessions de formation pour orienter la jeunesse afin de permettre et garantir à tous une vie aisée. Les leaders d'opinion dans les sociétés doivent s'inscrire aussi dans ce sens pour amener au respect des droits et des libertés.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka