Chantal Faida, activiste sociale et candidate malheureuse aux législatives nationales pour la ville de Goma, exhorte ses pairs à ne pas perdre espoir et à continuer à se battre pour le développement de la RDC et pour une forte représentativité des femmes aux instances de prise de décision. Dans une interview accordée au Desk Femme d'Actualité.cd, elle est revenue sur les obstacles qui favorisent l'échec des femmes lors des échéances électorales.
Quelle lecture faites-vous de votre défaite aux législatives de 2023 ?
Faida Chantal : Le score que j'ai obtenu est trop bas pour me permettre d'être élue. Une fois les résultats annoncés, j'ai directement félicité les députés élus et remercié les électeurs qui m'ont fait confiance par ce que j'ai obtenu plus de 1100 voix. Ce n'est pas rien, c'est un score considérable au regard du processus électoral qui a été émaillé de nombreux défis. Les électeurs avaient du mal à retrouver leurs bureaux de vote et ma cible était constituée principalement des femmes. Comme beaucoup de bureaux ont ouvert tardivement, les femmes n'ont pas pu patienter et rester jusque très tard. Quelque part, je me félicite à propos de ce score qui m'a permis de découvrir le travail que j'ai fait durant la campagne.
Sur 477 sièges prévus à l'Assemblée nationale, seules 64 femmes sont élues. Selon vous, qu'est-ce qui justifie ce faible pourcentage de femmes aux législatives nationales ?
Faida Chantal : les électeurs devraient faire confiance aux femmes autant qu'ils le font pour les hommes et notre pays devrait adopter un cadre légal qui faciliterait la présence massive des femmes dans les instances politiques. Aujourd'hui, notre pays fait face à de nombreux défis sociaux, économiques, culturels, politiques et les femmes sont douées en ce qui concerne les questions sociales. S'il y a une grande visibilité des femmes au niveau de l'hémicycle, toutes les questions sociales vont trouver des réponses durables. Les électeurs devraient également donner leurs voix aux femmes pour qu'elles puissent les représenter valablement et le cadre légal devrait consacré pour les circonscriptions ayant plus de deux sièges réservés, un siège pour les femmes.
Qu'avez-vous retenu de ce quatrième cycle électoral ?
Faida Chantal : J'ai tiré trois leçons de ce quatrième cycle électoral. Je signale que c'est la deuxième fois que je postule.
1. Pour toute personne qui aimerait bien se lancer en politique, il faut une formation politique de renom, c'est-à-dire un parti ou un regroupement politique bien établi dans votre circonscription.
2. La préparation des élections plusieurs années avant. Il ne faut pas s'hasarder de se porter candidat sans une histoire qui inspire, sans un background. À Goma, tout le monde connait ma lutte depuis 2012, dans la création de Uwema Asbl en faveur de l'éducation pour tous, de l'autonomisation économique de la femme, ainsi que de la santé accessible à tous. Cela m'a beaucoup aidé à pouvoir aller vers les électeurs avec un discours convainquant, avec un programme politique qui se base sur les réalités vécues au quotidien.
3. La troisième leçon, c'est l'équipe de campagne ainsi que les ressources. Je dois vous assurer que j'ai bénéficié d'un appui de ma famille et de mon époux ainsi que des membres de mon parti politique. Et en termes de ressources, toutes ces personnes ont mis dans un panier un certain nombre de ressources, pas que financières, leur disponibilité ainsi que matérielle (véhicule, carburant, matériel et autres).
Pensez-vous participer aux prochaines échéances électorales ? Quel est le message que pouvez-vous apporter aux femmes qui n'ont pas été élues aux élections de 2023 ?
Faida Chantal : la première idée qui me vient en tête, c'est de me préparer mieux pour 2028 et j'encourage aussi les femmes à se lancer en politique. À celles qui n'ont pas été élues, je demande de ne pas perdre espoir, de garder le cap, de commencer tôt la sensibilisation pour espérer une large victoire en 2028.
Pour rappel, la commission électorale nationale indépendante (CENI) avait retenu, pour les élections législatives en RDC, 23.653 candidatures, dont 3.955 féminines, soit 17 %. Lors de la publication des résultats provisoires, 64 femmes ont été élues, soit 14 % et 15 femmes sont parmi les 82 candidats députés nationaux invalidés pour fraudes et détention illégale des dispositifs électroniques de vote (DEV) pour certains, incitation à la violence envers les agents électoraux et actes de vandalisme de matériel électoral.
Grace GUKA